Journaliste en danger (JED) a rendu public samedi 22 novembre 2025 à Kinshasa, son rapport annuel sur l’état de la liberté de la presse en République démocratique du Congo. Cette édition 2025 tranche nettement avec les précédentes : elle s’appuie sur une année d’observations directes et révèle une recrudescence inédite des violences visant les professionnels des médias, particulièrement dans les zones de guerre de l’Est.
Intitulé « Est de la RDC : des crimes de guerre commis contre la presse », le rapport met en lumière des témoignages bouleversants de journalistes contraints de s’enfuir pour échapper à la mort. Deux reporters y sont présentés comme symboles de résilience, tandis qu’une affaire impliquant un prédicateur accusé d’un crime documenté par JED y est analysée. L’organisation y dresse également une liste de trente journalistes tués au fil des décennies, rappel historique destiné à renforcer son plaidoyer pour la liberté d’expression.
En scrutant deux ères politiques: celles de Joseph Kabila et de Félix Tshisekedi, JED relève que 2 670 journalistes tués, portés disparus, arrêtés ou dont les médias ont été détruits. Ce chiffre résume un climat de hostilité persistante, où exercer le journalisme demeure l’un des métiers les plus exposés du pays.
L’ONG relève par ailleurs, que les pressions politiques, économiques et judiciaires se multiplient, plongeant les rédactions dans une précarité sécuritaire permanente. L’organisation, qui s’appuie sur l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, continue de dénoncer les assassinats, les emprisonnements arbitraires et l’absence de résultats dans plusieurs enquêtes, renforçant un sentiment d’impunité insupportable pour les familles des victimes.
Les médias ne sont pas épargnés : suspensions injustifiées, destructions de matériels, interventions policières brutales. Pour JED, ces attaques menacent autant la liberté de la presse que le droit fondamental du public à l’information.
Dans son bilan global, l’organisation recense 1 011 journalistes arrêtés ou interpellés ces dernières années. Censure, fermetures de chaînes, interdictions d’émissions et violences physiques complètent un tableau déjà critique. JED note que la RDC cumule les neuf formes d’atteintes à la liberté de la presse reconnues par JED et Reporters sans Frontières.
Le rapport revient enfin sur l’alternance politique du 20 décembre 2018. Si l’arrivée de Félix Tshisekedi avait suscité un vent d’espoir pour la presse congolaise, cet optimisme s’est progressivement émoussé. Les violences, arrestations et restrictions persistent, ternissant les engagements initiaux et menaçant toujours la liberté de la presse en République démocratique du Congo.
Giscard Havril Mane






