Le procès contre le rédacteur en chef adjoint d’Actualite.cd et correspondant de Jeune Afrique s’est poursuivi ce vendredi devant le tribunal de grande instance de Kinshasa/Gombe siégeant à la prison centrale de Makala.
Alors que les avocats de Stanis Bujakera avaient obtenu la contrexpertise de l’analyse du document attribué à l’ANR à la base des poursuites contre le journaliste, ils ont contesté cependant aujourd’hui l’informaticien désigné unilatéralement par le tribunal. Il s’agit d’un certain Kambula Mulowayi qui n’est autre qu’un des greffiers du tribunal.
« L’expert désigné par le tribunal est un préposé de l’Etat d’abord, et donc il ne peut pas démontrer une indépendance suffisante par rapport au tribunal parce qu’il est greffier devant le même tribunal mais aussi par le fait que personne ne peut à ce jour attester de ses compétences en matière de réseau, graphologie et d’autres expertises spécifiques qui sont voulues par rapport aux préventions qui sont mises à charge de notre client », a déclaré Me Mushizi, l’un des avocats de Stanis Bujakera.
La défense avait pourtant proposé Gary Miller, expert américain de la lutte contre l’espionnage numérique et Emmanuel Gontcho, expert congolais et directeur général de l’agence G&G, pour cette contrexpertise. Mais le juge n’a pas donné suite à cette requête.
Arrêté le 8 septembre dernier à Kinshasa, Stanis Bujakera est accusé par le ministère public de « faux en écriture », « falsification des sceaux de l’Etat », « propagation de faux bruits » et « transmission de messages erronés et contraires à la loi » et risque jusqu’à dix ans de prison.
Son arrestation fait suite à la publication le 31 août dernier, d’un article sur le site de Jeune Afrique évoquant une note interne attribuée à l’Agence nationale de renseignements (ANR), laquelle mettait en cause les renseignements militaires dans l’assassinat mi-juillet du député national et ancien ministre des Transports, Chérubin Okende.
Pour le ministère public, Stanis Bujakera a non seulement publié en premier cette note sur les réseaux sociaux, mais l’a aussi fabriquée. Des accusations que rejette la défense.
Actualite.cd, Jeune Afrique et des partenaires du consortium Congo Hold-Up ont publié lundi dernier une enquête qui a démontré que les éléments techniques mis en avant par l’accusation, sur la traçabilité par les metadonnées et l’adresse IP, étaient techniquement impossibles. WhatsApp, Telegram et Bullhost, propriétaire de l’adresse IP attribuée au téléphone de Stanis Bujakera par le procureur, ont démenti chacun les affirmations de l’expert du parquet. Bien avant, c’était une autre enquête de Reporters Sans Frontières (MSF) qui démontraient la nullité des accusations portées contre le journaliste.
La prochaine audience est prévue pour le 22 décembre. Entre-temps, la défense a déposé une nouvelle requête de remise en liberté provisoire.
Infos.cd