Air Congo, liste noire de l’UE, Rwandair… Entretien avec Chérubin Okende
Malgré son départ du gouvernement, l’ancien ministre des Transports assure que la RDC devrait tenir le cap fixé : créer rapidement une compagnie aérienne avec Ethiopian Airlines et reprendre les dessertes internationales.
Le 29 décembre 2022, Chérubin Okende a rendu son tablier de ministre des Transports et Voies de communication de RDC pour soutenir la candidature de Moïse Katumbi à la présidentielle de 2023. Jeune Afrique a souhaité l’interroger sur les principaux dossiers du secteur aérien.
Jeune Afrique : Croyez-vous que le projet de création d’Air Congo, dans lequel vous vous êtes investi, verra le jour prochainement ?
Chérubin Okende : Oui, car ce projet est avant tout celui du chef de l’État. C’est lui qui a invité Ethiopian Airlines à monter une coentreprise avec la RDC, et c’est lui qui a tenu à lui donner ce nom, en hommage à l’une des premières compagnies nées après l’indépendance du pays.
Beaucoup de décisions sont déjà prises : lancer la compagnie avec sept avions amenés par Ethiopian, envoyer des Congolais à Addis-Abeba pour qu’ils y soient formés, ouvrir un centre de maintenance… Je reste donc très optimiste : tout va dépendre de Félix Tshisekedi.
Vous avez eu, vis-à-vis de Congo Airways, une position mitigée, avec un regard très critique sur sa gestion malgré des aides régulières. L’arrestation de son directeur général va-t-elle permettre d’assainir la situation ?
Cela ne suffira pas, Congo Airways souffre de difficultés structurelles, entraînant un état de faillite non déclaré. Je reste persuadé qu’il y a une possibilité de sauver la compagnie, mais à condition de faire preuve d’audace pour trancher dans les effectifs pléthoriques, mettre un terme à d’inutiles contrats de consulting, reprendre le management de A à Z…
Quid des Lignes aériennes congolaises, dont le processus de liquidation traîne en longueur ?
Ce dossier est pendant depuis 2012, car la dette sociale vis-à-vis des anciens employés demeure. Il faut encore l’expurger.
Alors que la RDC attend pour le 10 février un audit de l’Oaci [Organisation de l’aviation civile internationale], avez-vous bon espoir que le pays sorte bientôt de la liste noire de l’Union européenne ?
Nous avons déjà accompli un véritable parcours du combattant. C’est d’ailleurs parce que les résultats provisoires du précédent audit, en septembre 2022, étaient très encourageants que j’ai demandé cette mission d’audit additive pour le début 2023. J’ai de grands espoirs à l’égard de notre conformité aux normes de l’aviation civile internationale, ce qui nous permettrait d’avancer dans la construction de liaisons avec l’étranger. Nous avons 52 accords aériens inter-étatiques, mais pas un seul n’est à ce jour exploité.
En mai 2022, Kinshasa a annoncé la suspension des vols de Rwandair à destination de la RDC. Ce dossier pourra-t-il avoir une issue dans l’immédiat ?
Comme d’autres pays, nous avons un accord aérien avec le Rwanda lui permettant de desservir notre territoire. Mais notre décision dépend de la sécurité du pays. Elle a été prise devant le soutien manifeste de Kigali au groupe du M23, et ne pourra être levée tant que la situation perdurera.
Avec Jeune Afrique