Maisons emportées, avenues éventrées, familles en détresse : à Kimvula, dans le quartier Mitendi, commune de Mont-Ngafula, l’érosion fait désormais la loi. Le paysage autrefois familier n’est plus qu’un enchevêtrement de fissures béantes et de souvenirs engloutis. C’est le constat dressé par le reporter d’Infos.cd
Sur l’avenue des Anges, le nom sonne aujourd’hui comme une ironie cruelle. Là où s’alignaient des maisons pleines de vie, seuls les décombres témoignent du passage destructeur des pluies diluviennes des 4 et 5 avril. Seule la première parcelle à droite, par un miracle que personne n’explique, tient encore debout.
Cécile Lengo, quadragénaire, y vit toujours, entourée de ravins grandissants. Elle garde un espoir fragile, celui d’être enfin entendue.
« Après les pluies du 4 au 5 avril dernier, le bourgmestre est passé, il nous a juste demandé de planter des arbres. Depuis, silence total. Si deux autres pluies tombent, tout va s’effondre. Même nous », a-t-elle confié à Infos.cd
À 400 mètres de là, l’érosion que les habitants appellent « Armée » tant sa progression est implacable grignote dangereusement l’avenue Ndungidi. Mais ici, c’est plus qu’un quartier qui est menacé : c’est un axe stratégique de Kinshasa. Cette avenue est censée accueillir la future rocade reliant Mont-Ngafula à l’aéroport de N’djili. Pour l’instant, elle n’est qu’une cicatrice ouverte dans la terre.
Alain Matondo, résidant de Ndungidi, montre du doigt ce qui reste de sa parcelle.
« Deux maisons ont été emportées. Un peu plus loin, trois enfants d’une même famille sont morts. Même le bureau de la police a disparu. Et tout ce qu’on nous dit, c’est de planter des arbres. Cette réponse n’est pas à la hauteur. Nous sommes en danger. L’État peut envoyer des camions-bennes remplis de remblais pour freiner les érosions, construire des caniveaux. On ne peut plus attendre », a-t-il vociféré.
Le désespoir laisse place à la colère. La semaine dernière, des habitants de Mitendi ont bloqué la route nationale numéro 1. Ils réclament une intervention urgente. Les chiffres sont alarmants : 56 maisons englouties, trois morts, et aucune solution concrète en vue.
À Mitendi, chaque pluie est une menace, chaque silence des autorités, une trahison de plus. Le temps presse, et la terre continue de s’effondrer.
Jevic Ebondo