L’audience dans l’affaire du journaliste Stanis Bujakera Tshiamala s’est poursuivie ce vendredi devant le Tribunal de grande instance de Kinshasa-Gombe siégeant à la prison centrale de Makala.
Le correspondant de Jeune Afrique et directeur de publication adjoint du site Actualite.cd est en détention depuis plus de cinq mois, accusé par le ministère public d’avoir falsifié puis diffusé un document attribué à l’Agence nationale des renseignements (ANR), lequel remettait en cause le rôle des renseignements militaires dans la mort de l’opposant Chérubin Okende le 13 juillet 2023.
Tout est parti, en réalité, de la publication sur le site de Jeune Afrique, le 31 août 2023, d’un article évoquant ce document du département de sécurité intérieure de l’ANR.
Pour cette énième audience, le tribunal, qui n’a toujours pas trouvé un expert (pour déterminer l’origine du document incriminé) de rechange après le désistement du premier, a renvoyé l’affaire au 8 mars.
Entre-temps, les avocats du journaliste ont une fois de plus demandé une liberté provisoire pour leur client.
« On espère que cette fois-ci sera la bonne », a déclaré Me Jean-Marie Kabengela, l’un des avocats de la défense.
C’est la huitième demande de libération provisoire depuis le début de l’affaire. Les sept premières ont été toutes rejetées. Le ministère public s’est toujours farouchement opposé à cette libération, estimant que le risque pour le journaliste, également résident aux États-Unis, de se soustraire à la justice serait élevé. Il a soulevé le même argumentaire aujourd’hui.
Et pourtant, la veille, le président Félix Tshisekedi a, pour la première, fait montre de son indignation face à l’attitude de la justice qu’il qualifie de « malade » face à ce dossier et dans plein d’autres.
Devant la presse, le chef de l’Etat a indiqué que Stanis Bujakera est « peut-être » victime de cette justice et dit avoir désormais décidé de « mettre son nez » dans cette affaire.
« Quand le premier citoyen fait de notre client la première victime du dysfonctionnement de la justice, le tribunal doit être attentif à cette voix », ajoute Me Kabengela.
Le tribunal doit se prononcer dans les 48 heures sur cette nouvelle demande de liberté provisoire.
Socrate Nsimba