Dans la capitale congolaise, de plus en plus d’enfants et d’adultes s’adonnent à la mendicité dans la rue. Chacun selon ses techniques. Un fait de société pas unique à Kinshasa, mais interpellateur par le nombre de personnes qui s’y adonnent.
Marie-Claire, 9 ans et sa sœur Davina, 12 ans, sont orphelines de père et de mère. Entre 16e et 17e Rue Limete Résidence, le long du boulevard Lumumba, il n’est pas rare de les croiser.
C’est en effet leur zone de prédilection où elles tendent la main aux passants et à ceux qui attendent les bus dans les arrêts.
Elles au moins n’y vont pas par le dos de la cuillère : « Papa, (maman), donnez-moi de l’argent pour acheter le pain », répètent -elles fréquemment.
Chaque jour, l’essentiel pour elles est de trouver de quoi mettre sous la dent, en attendant une nouvelle journée.
« Si on attrape quelque chose, on achète à manger. S’il y a un surplus, on peut par exemple se procurer un peu de vêtements », racontent-elles.
A la fin de la journée, elles ne vont pas loin. Elles traversent juste le boulevard, pour la 17 ème Rue Limete industriel où elles passent nuit à la belle étoile, devant le ministère Combat Spirituel. Là, elles se retrouvent avec leurs trois autres sœurs aînées qui sont aussi mendiantes et sans abris.
Ils manquent toujours le transport
A Kinshasa, la mendicité est très fréquente dans la rue et ne concerne pas seulement les enfants en rupture familiale. Dans les arrêts de bus, il n’est pas rare de croiser un jeune homme tiré à quatre épingles ou un grand parent quémander par exemple quelques billets pour son « transport ». Si certains peuvent effectivement manquer de transport ou oublier leur porte-monnaie à la maison ou dans un premier bus, beaucoup sont ceux qui en font une technique de mendicité. Souvent aux mêmes endroits. Et ça finit par se remarquer.
Par ailleurs, il y a aussi ces personnes vivant avec handicap (malvoyants, sourds et muets, handicapés physiques), accompagnés souvent des enfants, qui n’attendent que le feu rouge pour passer en revue les véhicules. Ils sont très souvent repérables sur le boulevard du 30-Juin ou encore Triomphal. Malgré d’incessantes interdictions de cette pratique qui constitue à la fois une maltraitance des enfants et un problème de sécurité routière, ce phénomène a la peau dure.
Pour Israël, usager du boulevard Lumumba, que ce soit une situation causée par la paresse ou par un manque réel des ressources et d’opportunités, seule l’intervention de l’État congolais peut diminuer tant soit peu ce phénomène.
Japhet Mukoko (stagiaire)