Une affaire de mœurs est au centre de tous les débats actuellement en RDC. Brunette Liwele, connu sous son nom de scène « Mwana nsuka » (cadette en français), ancienne danseuse de l’orchestre Wenge BCBG de JB Mpiana, accuse son ex-patron d’avoir abusé d’elle. Elle a en plus affirmé être la mère d’une « Mpiana ».
Son combat, désormais, est d’obtenir la garde de son enfant qu’elle n’a plus revu depuis quatre ans.
Au micro d’Infos.cd, Anny Modi, directrice exécutive d’Afia Mama et défenseure des Droits des femmes, a conseillé à Brunette Liwele de « saisir le juge pour enfant » pour espérer obtenir gain de cause.
Tout en se refusant de plonger dans les considérations juridiques, Anny Modi estime avoir « les moyens et les stratégies de plaidoyer et de pression pour pousser au respect des droits ».
Elle fait savoir cependant que JB Mpiana ne pourra pas être poursuivi pour viol suite à la « non rétroactivité de la loi pénale », car, explique-t-elle, « les faits se seraient passés avant l’entrée en vigueur de la loi portant protection de l’enfant ».
De plus, elle craint que le délai de prescription (fixé à 10 ans pour les infractions de viol, NDLR) vienne compliquer l’affaire. Cependant, Anny Modi reste optimiste et entend rencontrer « Mwana Nsuka » en vue de dégager une stratégie.
« Les juristes consultés nous ont opposé la prescription de l’action publique du fait du temps écroulé sans que la victime ne puisse se plaindre, mais nous ont encouragé à entamer une action civile en réparation du dommage causé qui n’est pas prescrite », a-t-elle poursuivi, tout en confirmant les démarches en cours pour une rencontre entre son ONG et l’ancienne danseuse de la formation musicale de Papa chéri.
L’activiste regrette en outre certaines « contradictions » de la législation en vigueur qui, à la fois, interdisent le mariage d’enfants et rend possible l’émancipation des filles.
Dans cette affaire sordide, qui est loin d’être singulière dans le monde culturel congolais, Anny Modi est d’avis que le musicien n’est pas le seul fautif. Elle pointe également du doigt les parents ou tuteurs légaux de la danseuse, l’orchestre qui a recruté une mineure mais aussi toute la société qui a « vu, applaudi sans dénoncer » le recrutement d’un enfant dans un orchestre.
Enfin, l’activiste n’épargne nullement l’État congolais pour n’avoir « pris aucune disposition pour protéger cet enfant ».
Mwana nsuka, 29 ans aujourd’hui, s’est révélée lors d’un concert de Wenge BCBG en 2006, esquissant à merveille les pas de la danse « le poisson a trois parties », alors qu’elle n’a que 11 ans. Elle intègre rapidement le groupe et en devient l’une des égéries. Au cours d’une émission diffusée ce mois, elle a affirmé être mère d’un fils de JB Mpiana, âgé de 9 ans aujourd’hui. Selon son récit, sa liaison avec son ex-employeur remonte à 2010. Elle avait alors 15 ans.
Yvette Ditshima