Œuvre du jeune réalisateur congolais Hervé Loyck Kipulu, le film-documentaire « Freddy » a été projeté en avant-première le jeudi 30 mai 2024 à l’espace Texaf bilembo à Kinshasa. Journalistes et un beau monde du gotha culturel congolais ont eu l’insigne honneur de découvrir, en avant-première, cette première œuvre filmique de Hervé Kipulu, un jeune photographe autodidacte et passionné du septième art.
Son film, produit par « Anankoy pictures », résume en 35 minutes le quotidien de Freddy Tsimba, une des figures de proue de la sculpture en RDC, fait chevalier des arts et des lettres de la République française.
Ce professionnel de la sculpture, partagé entre vie privée et la quête d’inspiration ainsi que de matières premières pour ses œuvres, s’est dévoilé, dans ce documentaire, comme un artiste dont les prouesses sont louées à l’étranger, mais restent peu connues dans son propre pays, la RDC.
A la suite de la projection en avant-première de « Freddy », le réalisateur Hervé Loyck Kipulu, accompagné notamment de la productrice Renate Wembo et du protagoniste Freddy Tsimba, s’est présenté à la presse, évoquant les raisons d’avoir tourné son film quasi-intégralement en lingala.
« Avant de réaliser ce film, j’ai eu le temps de suivre d’autres documentaires sur Freddy Tsimba. La plupart était en français. C’est alors que je me suis dit de faire un film documentaire en lingala. J’ai soumis le projet à la productrice et elle a apprécié », a-t-il raconté. Il a, dans la foulée, rencontré la crainte de certaines personnes d’avis que cette œuvre, appelée à être consommée à l’échelle internationale, devrait être réalisée en français.
« Il y a le sous-titrage (en français, Ndlr). Quand un Américain fait un film, ce n’est pas en français. C’est en anglais américain. Pourquoi pas nous au Congo ? J’ai opté pour le lingala, un lingala bien ficelé, pas celui parlé à Kinshasa… En faisant ce film en lingala, moi-même, j’ai appris beaucoup de mots, la prononciation correcte de certains mots que je connaissais déjà. J’ai été enrichi. J’encourage les autres cinéastes à mettre en valeur nos langues dans leurs films. Pourquoi pas un film en swahili, en nande, en kikongo… », a renchéri Hervé Loyck Kipulu, complété par la productrice, Renate Wembo, qui a souligné :
« L’objectif est de vendre notre culture à travers les frontières et la valoriser. Le lingala, en tant que langue nationale, c’est notre identité ».
Quant au choix de dédier son premier film à un artiste, le réalisateur Kipulu a relevé : « Ce n’est pas parce que je suis artiste que j’ai pointé un artiste. C’est parce que Freddy Tsimba nous représente sur l’échelle mondiale ». Il a ensuite passé en revue les difficultés ayant jalonné le processus de réalisation de « Freddy ».
« Faire un film au Congo, c’est difficile. Faire un film indépendant comme le nôtre, c’est extrêmement difficile ».
Ainsi Hervé Loyck Kipulu, la trentaine, a résumé le travail des titans qu’il a dû abattre, ensemble avec toute l’équipe, pour lancer son premier film. Celui-ci, selon la productrice Renate Wembo, sera envoyé à une trentaine de festivals à travers le monde pour sa promotion et sa commercialisation.
Laurent Omba