Ce 30 juin, il n’y aura pas de célébration de la fête nationale et c’est tant mieux, parce que soixante ans après, il faut interroger cette soi-disant indépendance.
Notre pays nous appartient-il ? La colonisation peut se définir comme « l’exploitation des pays devenus colonies ».
L’exploitation est-elle terminée ? Non, bien au contraire, elle bat son plein. Dès lors on ne peut pas parler d’une vraie indépendance. Le coltan, le cobalt, le cacao, le cuivre … toutes ces matières premières sont les causes réelles de l’insécurité.
Le nœud de la guerre dans l’est ce n’est ni Kagame, ni les députés du Grand Kivu impliqués dans les groupes armés, mais ceux qui exploitent nos matières premières et qui, pour ce faire, instrumentalisent les pays voisins et les groupes armés.
Nos dirigeants sont censés le savoir mieux que nous, mais que font-ils ? Ils courbent l’échine, aussi simple que ça. Ce n’est pas Tshisekedi qui décide de ce qui se passe à l’Est. C’est Mike Hammer, c’est la MONUSCO. Lorsque le peuple congolais du Nord-Kivu a manifesté pour le départ de la MONUSCO, le Président de la République a dit « Non, la MONUSCO est là pour nous aider ».
En son temps, l’ancien Premier ministre de Mobutu, Léon Kengo wa Dondo, racontait à la télévision comment la Communauté internationale avait bombardé les camps des réfugiés hutus en RDC, pour la simple et bonne raison que le Rwanda ne disposait pas d’appareils militaires pour la besogne.
L’état de siège est une opération probablement volontariste, mais qui ne fera pas plus de miracles que Sokola I, Sokola II et l’opération de grande envergure.
Au lieu de nous mentir, de tourner autour du pot, de chercher des boucs émissaires, posons la question qui fâche : dans quelle mesure notre Président est-il libre de choisir la voix du peuple plutôt que celle de Mike Hammer ou de Macron ? Dans quelle mesure, les élites congolaises sont-elles prêtes à mécontenter les officines qui les financent et leur accordent tant de facilités ? Car, on l’a tous vu, lorsque les populations du Nord-Kivu ont manifesté contre la MONUSCO, ni le Président de l’Assemblée nationale, ni les élus du peuple, ni la CENCO, ni les organisations de la société civile comprador, ni les professeurs d’université … n’ont fait entendre leur voix aux côtés des manifestants.
Le néocolonialisme a pris soin de couper les élites du peuple.
Nous avons donné beaucoup de temps au débat lancé par Noël Tshiani sur le verrouillage de l’accès à la fonction présidentielle.
Il est temps de passer aux choses plus graves : le débat sur le néocolonialisme dont voici une définition selon Larousse : Politique menée par certains pays développés visant à instituer, sous des formes nouvelles, leur domination sur les États indépendants du tiers monde autrefois colonisés. Mythe ou réalité ? Si oui, comment se manifeste-t-il ? Comment nous en départir ?
Serge Gontcho di Spiritu Sanctu
Conscience Nationale en Action (CNA)