Qui a dit qu’à Kinshasa, le pari sportif est un domaine réservé aux hommes ? Reportage.
Le siège de Winner, dans la commune de Lingwala, est connu pour ses débordements, surtout les jours des rencontres de grande envergure de football.
Ce 15 juin, pas une grande affiche, mais un bon nombre de personnes occupent les lieux. Les uns forment une file devant la caisse pour récupérer leurs gains, les autres sont scotchés sur la liste des combinaisons de la journée… Parmi cette centaine de personnes, les femmes sont minoritaires, mais elles sont au moins là, une dizaine au total.
Parmi elles, Esther, la trentaine.
« Cet Euro est plus compliqué. Toutes les équipes se valent. Ainsi, je préfère ne pas miser sur les scores des matchs mais sur d’autres aspects comme le nombre de buts », explique-t-elle. Esther fait
des paris, mais en propose également comme tenancière d’un kiosque. Depuis cinq ans, le pari sportif est devenu son gagne-pain.
« J’ai joué pour la première fois en 2018. Mon frère venait de gagner plus de 2 millions de francs congolais en misant juste 500 francs congolais . Ma première combinaison m’a permis de gagner 100.000 francs congolais. Depuis, j’ai pris goût », relate-t-elle.
En cinq ans, elle dit avoir gagné plusieurs millions de francs. « Je paie mon loyer grâce à ce jeu. Je vends également des combinaisons », ajoute-t-elle.
Cette chantre dans une église évangélique dément ainsi ceux qui pensent que le pari sportif est un domaine réservé aux hommes uniquement.
« Ça n’exige pas de connaitre les équipes d’abord. Il faut juste maitriser les tendances et certaines cotes qui ne trompent pas. Jouer au pari sportif, c’est de loin mieux que se prostituer ou mendier », conclut-elle.
Dans ce centre de jeux situé non loin du rond-point des Huileries, l’ambiance est souvent infernale les jours de grands matches. Sans distinction, hommes et femmes s’y mettent pour vivre pleinement leur passion.
Yvette Ditshima