L’annulation de l’étape de Goma pour la visite de Pape François est une déception pour les Gomatraciens, mais beaucoup gardent la foi que ses prières vont apporter la paix dans cette partie du pays.
En visite en RDC, le Pape va s’arrêter à Kinshasa. De quoi susciter déception dans le chef des Gomatraciens en particulier et des Nord-kivutiens en général. Cette déception n’a cependant pas occulté l’espoir du rétablissement de la paix après le passage du chef de l’église catholique romaine.
INFOS.CD a recueilli les avis des déplacés de guerre installés au camp de Kanyaruchinya, situé au Nord de la ville de Goma.
Ici, la vie poursuit son cours normal. Rien ne présage la visite imminente du Pape François. Cependant, l’attention est tournée vers Kinshasa qui vit dans la fièvre de la venue du successeur de Saint Pierre.
Chrétien catholique, Jean Damascene Hakizimana, déplacé de guerre en provenance de Rugari, prend déjà ses dispositions pour ne rien rater du passage de François à Kinshasa. Radio et téléphone sont notamment des outils dont il va se servir, convaincu que l’arrivée du Pape est une bénédiction pour la RDC.
« Nous regrettons tout d’abord que notre Pape François n’arrivera pas à Goma comme initialement prévu. C’est une désolation, mais comme il foulera ses pieds à Kinshasa, c’est toujours le Congo. Nous sommes ravis, car il apporte des bénédictions sur notre pays. Il va prier pour tout le monde et même nous qui sommes loin ici. La prière n’a pas de limite », croit Jean Damascene, paraphrasé par d’autres catholiques du camp des déplacés de Kanyaruchinya.
Ils sont tous optimistes et pleins d’espoir.
« La visite du Pape en RDC soufflera un esprit de paix sur les zones en conflits », a affirmé Agathe Hategeka, femme déplacée de Rumangabo rencontrée avec ses enfants dans une case.
Et de poursuivre :
« Le Pape vient pour prier. Il ne vient pas en touriste. Nous savons que ses prières vont nous aider à rétablir la paix. Nous voulons rentrer chez nous. Nous sommes fatigués de fuir à tout moment. C’est ce que nous demandons à Dieu tous les jours ».
De son côté, Oswald, jeune fervent catholique, a exprimé son regret quant à l’annulation de l’étape de Goma alors que « nous nous étions préparés depuis longtemps pour accueillir notre Pape ».
Son compère, Innocent, s’est lui interrogé sur le motif de l’annulation de la visite du Souverain pontife à Goma.
« Pourquoi le Pape va se limiter seulement à Kinshasa alors que c’est nous ici qui souffrons. A Kinshasa, ils ne savent rien de la guerre. Il devrait venir compatir avec nous et cela allait nous réjouir. On se sent consolé lorsque celui qui vient vous consoler est près de vous. Juste la présence même ».
Avant le Pape = après le Pape
Dans le camp des déplacés de Kanyaruchinya, un autre son de cloche émerge sur la visite du Pape François en RDC. Celui-ci laisse croire que le passage du Saint Père n’apportera aucun changement substantiel en matière de sécurité.
Célestin Ngenda, déplacé de Kibumba, est de ceux qui incarnent cette posture.
« C’est une perte de temps, des moyens et en même temps de l’énergie de la part des autorités congolaises » estime-t-il.
Pour Célestin Ngenda, il importe pour les autorités congolaises de « se concentrer sur l’essentiel : le retour de la paix ici chez nous ».
« Nous suivons des informations chaque jour autour de cette arrivée du Pape. C’est une perte de temps, car cela ne va rien changer. Elles [autorités] dépensent beaucoup d’argents qui pouvaient pourtant nous aider. Dans ce camp, nous souffrons, nous galerons », a-t-il soutenu.
Et de marteler :
« Nous, tout ce dont nous avons besoin, c’est la paix et le Pape n’amènera pas la paix. Il faut que notre armée batte les rebelles jusqu’au bout ».
Un autre déplacé de guerre a exprimé sa crainte sur l’après visite papale.
« Chaque fois après la visite du Pape dans un pays, il y a toujours des hostilités qui naissent. Prions beaucoup pour qu’après cette visite du Pape François, la situation ne se détériore pas. Rappelez-vous du Rwanda. C’était encore pire après le passage du Pape. Nous ne devons pas être distraits cette fois-ci. Ce que nous demandons, c’est la paix, faisons attention à ce que la guerre ne s’accentue pas après son depart », a-t-il soutenu.
Fidèle Kitsa
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