Quatre jours après l’entrée en vigueur de la décision du gouvernement interdisant la circulation des motos à Gombe, en plein centre-ville de Kinshasa, certains motards défient l’État.
Jeudi soir, le commandant de la Police à Kinshasa s’est montré catégorique, appelant les motards à prendre garde de ne pas tomber dans les mailles de ses éléments, prêts à user des « matraques, qui constituent un instrument de travail de la police pour les récalcitrants ».
Le lendemain, le constat, fait par Infos.cd, est amer.
Sur le boulevard du 30 juin, précisément à l’arrêt Vodacom, les quelques motards rencontrés arrivent à échapper aux barrages installés ci et là.
D’autres sympathisent avec les policiers. Dans ce climat mi-méfiance, mi-courtoisie, ce sont les Kinois qui paient les frais. Aux heures de pointe, le plus grand boulevard de la ville est le théâtre des embouteillages monstrueux. Une aubaine pour les taxi-motos, capables de se frayer un chemin dans un petit trou de souris.
Depuis l’interdiction, le nombre de motos circulant à Gombe a sensiblement diminué. Seuls quelques « privilégiés » peuvent se permettre le luxe de rouler dans ce quartier huppé de Kinshasa. Conséquence, les prix des courses ont considérablement grimpé.
« C’est 10.000 francs pour aller à Huileries », répond un motard interrogé vers l’arrêt Vodacom.
Jadis, cette course se négociait entre 2.500 et 3.000 francs congolais.
Si le chef de la Police tient à faire respecter la mesure pour que la capitale « serve d’exemple », certaines de ses brebis galeuses ne sont pas prêtes à s’aligner.
Sur le boulevard, bon nombre de taxis-motos rencontrés sont conduits par des éléments de la Police et des FARDC. Un d’eux ne s’en cache pas, s’estimant « ayant-droit » et donc « content de faire de bonnes affaires ».
Depuis que les motos sont fichées non grata, le chiffre d’affaires de ces « privilégiés » est monté en flèche.
Prise pour la troisième fois en l’espace de trois ans, la mesure d’interdiction de la circulation des motos à Gombe est loin de faire l’unanimité. A côté de cette décision, une autre, prise le même jour, souffre également d’application. Celle-ci interdit la présence des badauds et indigents, communément appelés « chegués », sur le boulevard.
Yvette Ditshima