Clouée au sol depuis juillet, la compagnie aérienne de République Démocratique du Congo n’a pu reconduire sa certification internationale Iosa, actuellement suspendue. Mais elle a obtenu un moratoire de 90 jours sur sa qualité de membre de l’Association internationale des transporteurs aériens (Iata).
Rien ne va plus à Congo Airways. La décision du conseil d’administration de révoquer le directeur général, retoquée par le ministre congolais du Commerce extérieur, Jean-Lucien Bussa, en juillet, a fini de mettre un terme à un dialogue déjà bien mal en point au sein d’une compagnie qui ne vole plus depuis deux mois, faute d’avion opérationnel, et où le dernier salaire versé aux employés correspond au mois de juin.
Par courriers interposés, José Dubier, le patron de la compagnie, et Jean Bertrand Ewanga, président du conseil d’administration et représentant de la CNSS, actionnaire à 31 % de Congo Airways et qui constitue son principal bailleur, se renvoient la responsabilité de la situation. Dans des courriers que Jeune Afrique a pu consulter, le second reproche au premier sa « léthargie » dans les dossiers de location d’avion et d’achat de moteurs pour remettre en état de vol l’un des A320 de la compagnie, alors même que les fonds ont été rendus disponibles.
Jean Bertrand Ewanga évoque notamment une somme de 12 millions de dollars déposée en garantie auprès de la banque UBA pour l’achat de deux moteurs auprès du fournisseur CFM Materials, et une somme de 1,41 million de dollars provisionnée auprès de First Bank pour la location provisoire d’un Airbus A320.
« Délai de grâce »
Désormais, le temps est compté : au cours du conseil des ministres du 20 septembre, le vice-Premier ministre, ministre des Transports, des Voies de communication et du Désenclavement, Jean-Pierre Bemba, a en effet annoncé l’obtention par Congo Airways d’un moratoire de 90 jours sur sa qualité de membre de l’Association internationale des transporteurs aériens (Iata), « pour lui permettre de parvenir à un aboutissement heureux de la mise en service de l’un de ses aéronefs et de finaliser les démarches en cours pour l’acquisition d’autres avions ». Pendant cette période, la compagnie voit en revanche sa certification Iosa (label qualité des compagnies aériennes à l’international) suspendue. « Suspendue », et non « résiliée », signale Iata, qui évoque aussi un « délai de grâce de quatre-vingt-dix jours pour régler les problèmes en suspens ».
Tenant compte de l’état actuel de la compagnie, l’organisation internationale, qui gère le processus de certification, a repoussé à la période du 16 au 20 décembre sa mission d’audit, initialement programmée du 16 au 20 septembre.
Si leur absence limite le pouvoir de négociation de Congo Airways, dans le cadre de la location d’avions, de contrats d’assurance ou encore de conclusion de partenariats avec d’autres compagnies, ni l’adhésion à Iata ni la certification Iosa ne sont des conditions obligatoires pour qu’une compagnie aérienne puisse voler, a fortiori sur le marché domestique, desservi jusqu’à présent uniquement par Congo Airways.
Dernière tentative
Seul le retrait de son certificat de transporteur aérien, géré par l’autorité nationale de l’aviation civile, pourrait sonner le glas de son activité. Or celle-ci, qui avait pourtant lancé à Congo Airways un ultimatum au 16 septembre lui intimant d’avoir d’ici là fait voler un avion immatriculé à son nom, se fait désormais discrète.
L’annonce, en conseil des ministres, du délai de grâce accordé par les organisations internationales, quelques minutes après avoir évoqué l’arrivée imminente d’un nouvel acteur sur le marché, Air Congo, pourrait constituer une dernière tentative de pousser les parties prenantes à se remettre autour de la table : à l’expiration de ce délai, l’actionnaire étatique (qui détient 40 % du capital de la compagnie) pourrait bien finir par se désengager, au profit du nouvel entrant. Contactés par Jeune Afrique, ni José Dubier ni Jean Bertrand Ewanga n’ont donné suite à nos sollicitations.
Jeune Afrique (titre d’Infos.cd)