Coordonnateur de l’ASBL « Toile d’araignée » et journaliste spécialisé dans le traitement des questions économiques, Jérôme Sekana a abordé, au cours d’une conférence de presse animée mardi à Kinshasa, la problématique de la « suppression » de la prime de la plus-value, cause d’un climat malsain qui règne dans les régies financières depuis quelques jours.
Le ministre des Finances, Nicolas Kazadi, a récemment signé un arrêté qui consacre, selon les agents des régies financières qui ont manifesté le même mardi, la suppression de cette prime payée par le gouvernement en cas de dépassement des assignations. Le ministre assure, pour sa part, qu’il n’a pas supprimé cette prime mais qu’il va continuer à la payer sous forme de prime de performance qui existe déjà.
Pas question pour ces agents qui s’en vont jusqu’à réclamer la révocation de Kazadi en plus de menacer d’aller en grève en signe de protestation. Pour Jérôme Sekana, il importe pour toutes les parties de « fumer le calumet de la paix » pour éviter au pays cette grève qui va impacter négativement sur les finances publiques en cette période de pré-contrôle fiscal et en cette année électorale.
« Nous sommes dans une période de pré-contrôle fiscal. La croissance économique de la RDC est tirée du secteur extractif -mines. Nous avons 70 sociétés dont le chiffre d’affaires global est d’USD 31 milliards. Avec ce chiffre d’affaire, si la DGI fait correctement son travail de redressement, elle peut mobiliser entre USD 5 et 7 milliard. Si pendant cette période on déclenche la grève, qui sera perdant ? C’est toute la République », a-t-il relevé.
Considérant que la prime de la plus-value est un « droit acquis » pour les agents des régies financières, Jérôme Sekana a appelé le gouvernement à la « vigilance » et à privilégier le « compromis » avec l’Intersyndicale pour qu’ensemble il puisse « fumer le calumet de la paix.
« C’est un droit acquis. Il faut le donner aux agents pour les stimuler. Ils ont fait du boulot. Je n’ai jamais vu, de mémoire de journaliste économique, un accroissement de 86% voire 87%. Par rapport au budget 2022, le législateur, sans activer les réformes, a augmenté les assignations de la DGI de 87%. Le législateur comme le gouvernement ont mis la charrue avant les bœufs », a fait observer Sekana, question de placer l’exécutif devant ses responsabilités et de l’interpeller à être conséquent après l’augmentation des assignations dans le cadre de la mobilisation des recettes pour le budget 2023.
« Nous invitons le gouvernement à la prudence. Que le Premier ministre intervienne pour que tout le monde fume le calumet de la paix et que les responsables des régies soient payés, motivés afin que l’Etat puisse avoir suffisamment des recettes et que nous puissions organiser les élections en décembre 2023 en toute fierté, dignité et en tant que des patriotes », a lancé le coordonnateur de « Toile d’araignée ».
LOI