La Banque mondiale a présenté ce mardi à Kinshasa son dernier rapport sur la situation économique de la RDC, intitulé « Réévaluation des incitations fiscales : le rendez-vous manqué des promesses de croissance et d’équité ». Le document souligne que la RDC a maintenu une forte croissance économique en 2024, avec un taux de 6,5 % du PIB, grâce notamment à la vigueur de son secteur minier, principalement le cuivre et le cobalt.
Toutefois, le rapport note un ralentissement par rapport à la moyenne de 7,9 % observée entre 2021 et 2023, tout en soulignant que cette croissance « ne profite pas encore pleinement à la population ». La pauvreté reste omniprésente, les créations d’emplois sont insuffisantes et les écarts sociaux s’accentuent.
Le ministre de l’Industrie et du Développement des PME, Louis Watum, présent à la cérémonie, a salué un rapport qu’il a qualifié d’« interpellateur ».
« En suivant ce rapport, évidemment c’est interpellateur. Lorsqu’on a renoncé au tiers des recettes qu’on pouvait collecter, il y a eu à se poser des questions. Parce qu’on a vraiment besoin de financement pour notre entrepreneuriat, pour notre industrie, pour le développer, etc. En termes d’emplois qu’on crée pour les jeunes, on doit pouvoir créer 2 millions d’emplois par an et on n’en crée qu’un million. Comment allons-nous promouvoir l’entrepreneur qui a de l’ambition, du talent et qui vit dans un coin éloigné. Le déficit énergétique est là.
Je pense qu’il faut une fiscalité qui est à la fois simple, stable et équitable », a-t-il déclaré.
De son côté, le ministre du Budget, Aimé Boji, a plaidé pour une meilleure gestion des politiques fiscales afin d’éviter les pertes de ressources publiques.
« L’initiation fiscale entraîne une dépense fiscale qui, si elle n’est pas bien analysée au départ, va tout simplement entraîner une perdition des ressources budgétaires dont on a besoin pour l’amélioration des investissements et pour affronter les défis de développement qui sont les nôtres au quotidien. Une mauvaise politique peut entraîner des dépenses qui, autrement, pouvaient servir à améliorer la situation financière et à améliorer les conditions de vie de nos concitoyens », a-t-il affirmé.
Pour sa part, le ministre des Finances, Doudou Fwamba, a rassuré sur l’engagement du gouvernement en faveur des réformes visant à sortir les Congolais de la précarité.
« L’investissement public est le moteur qui devra soutenir la croissance au-delà du secteur minier, qui est le moteur de notre croissance économique. Le gouvernement veut mettre en œuvre un certain nombre d’infrastructures, de routes que nous devons construire pour intensifier les commerces, le mouvement des biens et personnes, et créer des opportunités pour les Congolais, mais également donner l’opportunité au monde privé pour œuvrer dans les secteurs stratégiques comme celui de l’agro-industrie, mais également financer les autres priorités du gouvernement », a-t-il indiqué.
Le rapport de la Banque mondiale recommande une révision des incitations fiscales afin de garantir une meilleure équité, renforcer les recettes de l’État et stimuler une croissance réellement inclusive.
Cephas Kabamba