
Trois organisations de la société civile ont initié une mission de plaidoyer à Kinshasa pour dénoncer diverses violations de droits humains dans les territoires de Mwenga et Shabunda, suite aux activités minières des sociétés chinoises dans la région.
Composée des ONG Action pour la conservation de la nature et le développement communautaire (ACNDC), Alternative ménage natures et marche ainsi que Afia Mama, cette coalition entend mener, durant tout le mois de novembre, « une mission de plaidoyer auprès des autorités gouvernementales centrales afin de présenter la situation des communautés locales, particulièrement des femmes victimes des dommages causées par l’extraction minière chinoise dans la plaine d’Elila sur l’arc territorial Kitutu-Kiziba dans les territoires de Mwenga et de Shabunda à l’ouest de la province du Sud-Kivu
».
Approchée samedi par Infos.cd, Crispine Ngena, coordonnatrice nationale de l’ACNDC et chargée de plaidoyer de la Coalition, a expliqué les contours de cette mission orientée vers les ministres des Mines, de l’Environnement, du Genre et des Droits humains.
La coalition compte également consulter un cabinet d’avocats et rencontrer des représentations diplomatiques.
Objectif: faire connaître à ces décideurs la situation des communautés locales particulièrement celle des femmes victimes des dommages causés par l’extraction minière chinoise.
Selon Crispine Ngena, c’est depuis 2018 qu’a commencé cette prospection d’or à Mwenga. Une recherche « illégale », selon elle.
Cette exploitation a des « conséquences énormes dans la vie des femmes », a-t-elle poursuivi, citant notamment des violences économiques, des violences sexuelles et basées sur le genre mais aussi des conflits communautaires.
« Plusieurs actifs productifs des femmes ont été détruits et certaines femmes se sont vues arracher leurs champs », a-t-elle dénoncé.
Aussi, Crispine Ngena a-t-elle déploré l’apparition des maladies infectieuses dans la région, causées, selon elle, par cette exploitation aurifère.
A travers cette mission, la Coalition espère ainsi obtenir réparation pour les populations locales, impactées négativement par les effets de ces activités minières.
« Les femmes de Mwenga nous ont chargées de venir à Kinshasa pour parler en leurs noms afin de demander une indemnisation à la hauteur des dommages causés », a-t-elle fait savoir, dénonçant les « indemnisations dérisoires et déséquilibrées » effectuées.
« On ne peut pas donner 3.000 dollars à une personne qui avait 14 hectares », a-t-elle illustré.
Parmi les revendications de ces femmes, figurent entre autres la restauration de l’environnement et l’obtention des activités compensatrices.
Sur le plan environnemental, la Coalition a exprimé son regret face à « l’excavation des terres à une ampleur journalière de 1000 m3 par véhicule Ben basculante, l’abattage d’arbres, la déforestation et la désertification des espaces jadis densement couvert des végétaux, la pollution chimique des eaux aux cyanures et au mercure ».
« Des rivières ont disparu, d’autres polluées suite à cette exploitation », a révélé Crispine Ngena.
Elle a appelé de tous ses vœux à l’ouverture des enquêtes afin d’établir les responsabilités et sanctionner les coupables. En même temps, elle a plaidé en faveur de l’accompagnement de l’État pour la résolution des conflits au niveau communautaire.
Yvette Ditshima
