L’on peut tout refuser à Kabulo Mwana Kabulo, cette figure emblématique de la presse sportive devenue ministre des Sports et Loisirs depuis mars dernier, sauf sa capacité à faire parler de lui.
C’était déjà le cas après quasiment chaque grande rencontre de football qu’il avait la faveur de commenter à la télévision nationale. C’est encore le cas depuis qu’il est à la tête du ministère des Sports.
Le complice du regretté Fwasa Tombisa a depuis quitté sa confortable chaise du plateau de la RTNC où il administrait sans arrêt des leçons de gestion aux dirigeants sportifs et est passé de l’autre côté du mur.
« La critique est aisée, mais l’art est difficile ». Peut-on oser appliquer cette phrase de Philippe Néricault sur le cas de « ya Féfé » ? A seulement cinq mois de gestion, la conclusion pourrait paraître hâtive. Mais l’organisateur de « Fatshi Cup » dès sa prise des fonctions, s’est tellement vite mis en évidence qu’il nous offre assez d’éléments de diagnostic.
Alors qu’on parcourait encore l’organigramme de son cabinet qui n’a rien à envier à un arbre généalogique —selon une caricature du média panafricain Jeune Afrique —; alors qu’on cherchait encore à comprendre comment ses deux filles se sont retrouvées à la tête des deux disciplines sportives congolaises lors des derniers IXes Jeux de la Francophonie; alors que l’épée de Damoclès de la Fédération internationale de football association (FIFA) reste suspendue sur le football congolais du fait de son ingérence dans les affaires de la Fédération congolaise de football association (FECOFA), Kabulo Mwana Kabulo nous a sorti un dernier numéro. Un géant panneau « publicitaire » estampillé : « Stade des Martyrs homologué; Soyons du bon côté de l’histoire; Rendez-vous le 09 septembre 2023 ». Son effigie et celle du chef de l’État ne pouvaient évidemment pas manquer.
« Qu’est-ce qu’on a fait, ô bon dieu ! », soupire un internaute qui dénonce un énième « Djalelo », ce culte de la personnalité que le Maréchal Mobutu a légué à la classe politique et qui semble se perpétuer.
L’on peut tout dire, tout dénoncer, mais jamais oublier qu’on a affaire à un professionnel de la communication publique, qui a trouvé l’ingénieuse idée de faire de la décision de la Confédération africaine de football (CAF) d’autoriser, quoiqu’à titre dérogatoire, les Léopards de jouer au stade des Martyrs, une occasion de louanger le premier sportif congolais, « ancien gardien de but ». C’est aussi une occasion pour lui de mettre en exergue le fameux slogan de l’Union sacrée, la plateforme politique au pouvoir. A quatre mois des élections générales, n’est-ce pas une action de génie ? Surtout s’il faut associer les Léopards, cette rare, si pas seule entité autour de laquelle des Congolais se réunissent et oublient leurs divergences, à un fait politique.
Il faut aussi avouer qu’il est difficile de comprendre ce personnage qui refuse aux clubs locaux de football, l’utilisation des stades publics et les ouvre grandement pour des pasteurs et musiciens. Heureusement qu’avec lui, le spectacle est garanti, dans ou en dehors des stades. Difficile de s’ennuyer.
Socrate Nsimba