Bien qu’il cite désormais nommément le Rwanda dans le soutien aux M23, Washington insinue que la RDC, elle aussi, apporte un appui aux FDLR qui n’ont jamais attaqué un centimètre des terres rwandaises.
« Les USA condamnent les combats du M23 en RDC et déplorent les souffrances humaines, notamment les déplacements forcés et les tueries de civils. Le soutien des États au M23, aux FDLR et aux autres groupes armés doit cesser. »
Ce tweet du Bureau chargé des Affaires Africaines des États-Unis est chargé d’équilibrisme. Sinon, il conforte Kigali qui, pour justifier son appui désormais incontestable aux M23, soulève la question des FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda).
The U.S. condemns M23 fighting in DRC and deplores the human suffering including forced displacement & civilian deaths. State support for M23, FDLR, & other armed groups must stop. Spoke this weekend to senior DRC & Rwandan officials to urge resumed dialogue & regional mediation.
— Bureau of African Affairs (@AsstSecStateAF) October 30, 2022
Et pourtant actuellement et comme toujours, c’est seulement l’Est de la RDC qui est confronté à une guerre d’agression dans le Rutshuru avec son lot de souffrances sur les populations civiles.
« Le soutien d’un Etat à des groupes armés est inacceptable et nous réitérons nos inquiétudes quant au soutien du Rwanda au M23 », a déclaré à la presse le porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price ce lundi à Washington.
Dès lors, comment comprendre la tendance à redistribuer les cartes quand seul le territoire congolais est agressé ? La rébellion hutu rwandaise défaite ou presque ces dernières années grâce notamment à la collaboration entre les armées rwandaises et congolaises n’a jamais tenté depuis son existence d’occuper une localité rwandaise. Bien au contraire, c’est dans le territoire congolais et sur des civils congolais qu’elle a commis des exactions.
Washington tombe-t-il dans le piège du discours rwandais ou c’est lui qui tire les ficelles ? En tout cas, ils sont nombreux ceux qui dénoncent aujourd’hui l’hypocrisie du pays de l’Oncle Sam, à travers lui, de la fameuse « communauté internationale » face à la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC. Surtout quand le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, s’est interdit en septembre dernier de citer le Rwanda comme pays qui apporte un appui substantiel aux rebelles du M23, se limitant à dire que leurs armes, « plus sophistiquées que celles de la Monusco », viennent de « quelque part ».
Surtout quand le Conseil de sécurité écarte toute sanction contre le Rwanda, malgré un rapport bien salé des experts onusiens sur sa table.
« On nous force la main pour aller négocier avec des groupes terroristes », a déclaré lundi le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya.
Son beau-père, l’ancien Premier ministre, Adolphe Muzito, n’a-t-il pas raison de dire qu’il n’est pas question de dialoguer avec le M23 ni avec le Rwanda, mais avec leurs maîtres. Qui sont ces maîtres ? A chacun de deviner.
Socrate Nsimba