En marge de la Journée internationale de la langue maternelle, célébrée chaque 21 février, l’association Yes ! AfriCan, en partenariat avec l’UNESCO/RDC, a organisé mardi la 2e édition du « Symposium langue maternelle » dans la salle Showbuzz à Kinshasa.
« De l’urgence en Afrique de l’enseignement multilingue basé sur la langue maternelle » a été le thème de ce symposium.
« A travers ce symposium, nous avons rassemblé des acteurs du secteur de l’éducation et culturel, des acteurs sociaux, des directeurs et promoteurs d’écoles pour pouvoir réfléchir entre citoyens sur ce qu’on peut faire ensemble pour relever les défis de l’enseignement multilingue basé sur la langue maternelle », a dit à INFOS.CD Mireille Kasongo, initiatrice de l’association Yes ! AfriCan.
Ses attentes se situent principalement au niveau d’une « réelle prise de conscience de la problématique » traitée au cours de ces assises. Un tel enseignement, croit-elle, va permettre l’épanouissement des enfants et les rendra aussi utiles à la société.
Elle est révoltée en réalisant que « quelqu’un peut manquer d’acquérir le savoir alors que c’était peut-être un génie. Il va mourir avec tout son potentiel parce qu’on n’a pas pu l’outiller de façon la plus efficace possible pour qu’il puisse exprimer son potentiel ».
Ainsi, ce symposium a été l’occasion pour Yes ! AfriCan de rappeler l’importance d’enseigner les enfants en leur langue première.
« C’est une évidence dans tous les pays en dehors de l’Afrique. En France, on enseigne en français, on ne se pose même pas la question. Pareil qu’en Italie et ailleurs. Chez nous, au Congo, et dans beaucoup de pays africains, on enseigne dans la langue du colon. Enseigner en français, ce n’est pas un problème pour les enfants qui ont le français comme langue maternelle. Je pense à tous les enfants congolais qui n’ont pas le droit d’avoir accès à une éducation de qualité dans leur propre langue alors qu’ils sont sur leur terre », a déploré Mireille Kasongo.
Et d’enchainer :
« Dans la mesure où ces enfants apprennent de nouvelles choses dans une langue qu’ils ne connaissent pas, cela les met en difficulté et crée aussi un manque d’estime d’eux-mêmes, parce qu’ils considèrent que “si je ne comprends pas, ce que je suis bête, idiot”. »
En vue de mettre fin à cette « absurdité », l’association Yes ! AfriCan a initié divers projets dont le principal, pour l’année 2023, est axé sur la collaboration avec le Collège Dr. Cécile Mboyo, une école privée francophone de la commune de Mont-Ngafula.
« Nous sommes en train de réfléchir et de rassembler les acteurs pour voir comment est-ce qu’on peut mettre en œuvre de façon la plus efficace possible l’enseignement multilingue basé sur la langue maternelle », a fait savoir Mireille Kasongo.
Son association, a-t-elle confié, travaille à l’heure actuelle pour sensibiliser et conscientiser les acteurs sociaux sur son créneau. Ce, dans l’optique d’en faire des « relayeurs de ces valeurs auprès de la population, des parents, dans les quartiers, dans leurs activités, etc. »
Selon l’UNESCO, environ 40% des habitants de la planète n’ont pas accès à un enseignement dans une langue qu’ils parlent ou qu’ils comprennent.
Laurent Omba