La prise de parole du président Félix Tshisekedi dimanche 25 juin contre « une certaine dérive » de « certains » évêques est sur toutes les lèvres.
Ça s’appelle, saisir la balle au bond. Au stade Kashala Bonzola de Mbuji-Mayi, dimanche 25 juin, Félix Tshisekedi n’était pas devant les perches – lui qui affectionnerait le poste de gardien de but du football amateur pendant sa tendre jeunesse –, mais devant un micro.
Profitant évidemment de l’occasion que lui offrait la célébration du jubilé d’argent de Mgr Barnard Kasanda, évêque du diocèse de Mbuji-Mayi, le président de la République a attiré l’attention sur une « certaine dérive » de « certains » évêques dont les agissements pourraient diviser les Congolais. Dérive « dangereuse » et « inacceptable » à ses yeux.
« L’Église doit être au milieu des Congolais. Elle doit prêcher l’amour, l’unité et l’égalité. Elle doit accompagner tous les Congolais qui sont en politique de la même manière », a pratiquement prêché le garant de la Nation.
Mais comme il fallait s’y attendre, cette « prédication » a engendré des réactions de toutes parts.
Tous ceux qui ont les oreilles pour entendre, ont entendu. Mais tous n’ont pas disposé leur cœur pour méditer profondément sur ce message afin d’en tirer une leçon morale sur l’unité entre Congolais. Certains ont préféré conclure que le président Tshisekedi s’en est pris à toute l’église catholique, faisant rapidement un rapprochement avec le bras de fer d’il y a quelques années entre Joseph Kabila et la même église.
Dans les mots du président Tshisekedi, ils ont carrément refusé de considérer le pronom « certains » renvoyant à une partie de prélats catholiques. Encore, faudrait-il le souligner, il ne s’agit pas, pour le « neveu des évêques » de s’attaquer à certains de ses pères spirituels quoi que « tendancieux » ni à les menacer. Mais plutôt de les conscientiser. Leur rappeler le rôle de médiateurs qu’ils auraient tendance à oublier.
Un garant de l’unité nationale peut quand-même se le permettre lorsqu’il voit, mieux que quiconque, le danger que cela pourrait avoir pour la paix et la stabilité de toute une nation.
« L’Etat et l’église catholique ont l’obligation de collaborer ». Un tel message ne peut sortir que de la bouche de quelqu’un qui veut unir et non diviser. Moins encore défier une église dont personne n’oublie le rôle et le poids dans la société congolaise. Une église qui a tant œuvré pour l’alternance démocratique au pays.
Sauf qu’un homme prudent voit le mal de loin. Celui qui est averti, en vaut deux.
Andy Lukoki