Annoncée pour ce mercredi par le gouverneur de Kinshasa, l’opération de destruction des constructions anarchiques au cimetière de Kinsuka, dans la commune de Mont-Ngafula, a été un rendez-vous manqué.
INFOS.CD s’est rendu sur place et n’a remarqué la présence ni des bulldozers encore moins du gouverneur Gentiny Ngobila.
Pour un des habitants de ce cimetière, rien de surprenant :
« O kanisaki penza [Ngobila] akoya kobuka? (tu pensais vraiment qu’il allait venir démolir nos maisons? Ndlr) Il n’a nulle part où nous placer. Nous irons où avec nos enfants ? Ce n’est pas une première fois. Ngobila n’est pas venu parce qu’il sait que nous n’avons pas de travail pour aller nous chercher des maisons ailleurs ».
Ces habitants de cimetière affirment que ce sont des chefs coutumiers qui les ont vendus ces espaces et ils disposent de tous les documents des services étatiques.
« S’ils veulent démolir, qu’il nous rendent notre argent et nous partirons sans problème. Il ne suffit pas de dire « quitter le lieu ». Il faut nous donner une place où nous allons nous abriter », enchaîne un autre.
Si déjà ils n’ont aucune peur de cohabiter avec les morts, ce n’est pas les menaces de Ngobila qu’ils considèrent comme des simples « intimidations », qui vont les effrayer.
« Il n’ y a pas de relation entre les vivants et les morts. Ces derniers se reposent dans le séjour des morts et non au cimetière. Il arrive de fois, nous trouvions des restes humains. Cela ne nous dérange pas du tout, puisqu’un jour nous serons comme eux et nous n’avons pas peur. Même tard la nuit, nous rentrons tranquillement chez nous », argue un autre voisin des tombeaux.
Entre-temps, des inhumations continuent dans ce cimetière pourtant officiellement fermé depuis 2015.
« Les gens viennent entre 4 et 5 heures pour enterrer clandestinement. Ceux qui s’entendent bien avec le chef du bureau, ils viennent la journée. Nous n’avons pas d’argent pour aller dans d’autres cimetières. Ici, on se comprend entre nous », se livre un cambiste.
En notre présence, une famille est venue enterrer l’un de ses membres, sans perdre de vue que dans peu de temps sa tombe pourrait disparaitre dans une maison d’habitation.
L’hôtel de ville de Kinshasa n’a pas encore communiqué sur le rendez-vous manqué de ce mercredi qui devrait marquer le début des opérations de destruction de ces constructions anarchiques au cimetière de Kinsuka.
Chaly Sunda