La ville de Kinshasa vibre depuis le 19 novembre dernier au rythme de la campagne électorale qui va se poursuivre jusqu’au 18 décembre.
Au total, 26 candidats Président de la République et plus de 10.000 candidats aux législatives et municipales s’adonnent à une bataille d’affichage, sans règle.
Ces deux dernières semaines, Kinshasa a littéralement perdu ses faibles attraits esthétiques, au nom de la campagne.
Impossible de faire 10 mètres dans la capitale sans apercevoir un visuel de campagne. Affiches par-ci, banderoles par-là, panneaux de fortune de l’autre côté, la capitale congolaise vit dans une « anarchie visuelle » sans précédent. Pour les Kinois, la ville ressemble depuis quelques jours à « un album photo ».
Si les candidats de l’Union sacrée de la nation, plateforme du Président sortant et candidat à sa propre succession, sont très visibles sur les gros panneaux de la ville, l’Opposition peine se faire de la place dans ce jeu d’affichage et se contente, dans l’ensemble, des banderoles et panneaux en bois.
Au Rond-point Kimpwanza, dans la commune de Kasa-Vubu, le monument de Joseph Kasa-Vubu, premier président de la RDC, a cédé son trône aux candidats. Ce lieu, un des carrefours les plus fréquentés de la commune, est devenu le centre d’attractions de la compétition électorale. Ici, les affiches s’entrelacent, certains placardant leurs visuels sur ceux des autres.
« Chaque jour, nous revenons ici pour nous rassurer que notre candidat est toujours visible », raconte un jeune trouvé sur place.
A un kilomètre de là, le célèbre rond-point victoire ne déroge pas à la fièvre de la campagne électorale, avec des panneaux de fortune. Sur la balustrade de la place des artistes, les banderoles vont dans tous les sens. Dans l’enclos, plusieurs panneaux d’affichage en bois sont installés.
Des vendeurs rencontrés sur place se plaignent du reste de cet « encombrement ».
« Avec ces panneaux en bois qui sont installés, je n’ai plus assez d’espace pour exposer mes marchandises », se plaint un jeune vendeur d’accessoires pour téléphone.
Aux côtés de la pollution visuelle, le « désordre » d’affichage parait aussi comme un danger pour la circulation. Sur le boulevard Triomphal, vers l’entrée menant au Commissariat général de la Police dans la commune de Lingwala, un panneau cubique est installé avec l’éffigie d’un candidat.
« ici, la nuit, il suffit d’un manque d’attention pour assister à un drame », alerte un motard.
Dans la commune de Bandalungwa, la direction Inga, Kimbondo, les places Tshibangu et Bakayawu sont également « polluées » par ces affiches qui, selon une vendeuse des fruits rencontrée dans cette commune, « créent un vrai désordre et salissent la ville ».
A Lemba terminus, c’est également un « studio photo » selon les habitants de ce coin. Des panneaux et affiches sont superposés les uns sur les autres.
Autre constat, la faible durée de vie de ces visuels de campagne. A plusieurs endroits, des affiches et panneaux sont vandalisées.
« Tout ceci fait mal aux yeux. Personnellement, j’ai hâte qu’on en finisse. Il y a aussi les caravanes des candidats qui occasionnent des embouteillages ici à Bandal », déplore un chauffeur.
En cette période de campagne, les services de l’Etat semblent tous en veilleuse et laissent les candidats se vendre dans une totale anarchie, au détriment des critères esthétiques, réglementaires et sanitaires.
A Kinshasa pourtant, le secteur d’affichage est régulé par la Direction générale de la publicité extérieure de Kinshasa (DGPEK).
Yvette Ditshima