Le Réseau de femmes leaders d’Afrique (AWLN) a réuni, vendredi à Kinshasa, des femmes de divers horizons pour dénoncer, d’une seule voix, les nombreuses violences faites aux femmes durant le processus électoral en cours.
Le 20 décembre, des images montrant des femmes tabassées, dénudées et brutalisées dans des sites de vote dans plusieurs coins du pays, notamment à Kinshasa, Luilu, Mbuji-Mayi, Kananga ou encore Malemba Nkulu, ont fait le tour des réseaux sociaux. Ces vidéos ont suscité l’émoi des femmes de tous bords. Vendredi, activistes, médecins, avocats, politiques et autres ont ainsi fait chorus pour s’indigner face à ces « traitements inhumains infligés aux femmes ».
Anny Modi, directrice exécutive d’Afia Mama, à l’origine de ce mouvement de protestation des femmes, a exprimé l’ « indignation » des descendantes d’Eve face à la montée des violences contre leurs semblables durant cette période électorale.
« Nous n’allons pas continuer à nous indigner uniquement sur les réseaux sociaux. Les corps des femmes ne sont pas un champ de bataille sociologique, politique ou de guerre », a-t-elle déploré, tout en regrettant une autre forme d’inégalité : « la justice populaire est uniquement réservée aux femmes. Cette injustice sociale doit s’arrêter ».
En dépit de leurs divergences, ces femmes ont réuni ainsi leurs voix pour faire cesser la violence.
Isabelle Monga, présidente du Réseau de femmes rurales de la RDC, a ainsi rappelé que les femmes violentées sont mères, filles, sœurs et épouses et ne méritent nullement cette « humiliation ».
Egalement présente, la bourgmestre adjointe de la commune de Lingwala, Denise Nvila, a joint sa voix à cette cause des femmes, non sans dire sa « peine » et sa « déception » après avoir visualisé ces images choquantes.
« Que la ministre du genre et les autorités de ces provinces se saisissent de ces dossiers et que les auteurs de ces actes ne restent pas impunies », a-t-il recommandé.
Pour sa part, Dorcas Bwalelo a haussé le ton pour exiger une « saisine d’office du Parquet » pour des poursuites contre les auteurs. Faute de quoi, ces femmes menacent d’initier des mouvements populaires, notamment descendre dans les rues pour faire valoir leurs droits car, disent-elles, « rien n’excuse de tels actes ». Plusieurs autres femmes représentants divers corps des métiers, notamment les avocats, les médecins, les syndicalistes, la Société civile ou encore les journalistes ont également adhéré à la déclaration commune des femmes contre les violences dont elles ont été victimes au cours du cycle électoral en cours.
Yvette Ditshima