Les relations entre Kinshasa et Nairobi semblent toujours tendues, plus de dix jours après l’annonce de la création, depuis un hôtel de la capitale kényane, d’un mouvement politico-rebelle congolais mettant en alliance Corneille Nangaa et les rebelles du M23.
Mardi au cours d’un briefing avec la presse, le porte-parole du gouvernement a commenté la réaction du président kényan, William Ruto, faite dimanche 17 décembre dans laquelle il opposait une fin de non-recevoir à la demande du gouvernement congolais d’interpeller toutes les personnes impliquées dans le mouvement baptisé « Alliance fleuve Congo ». Au cours de sa conférence de presse, Ruto avait justifié la position de son pays par la culture démocratique qui y règne, alors que ces personnes n’ont fait qu’une déclaration.
Des propos « suffisamment graves » pour Kinshasa qui attend toujours des explications de la part de Nairobi, convaincue que la démocratie ne doit pas être une occasion de « donner l’impression [qu’un] pays accueille ou peut être le point de départ d’un mouvement rebelle » ou encore « servir de base arrière à un groupe pour déstabiliser un autre ».
Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement congolais, ne comprend pas que ce soit le Kenya, pays impliqué avec la RDC dans un processus de paix puisse adopter cette posture.
« Le moment venu, il y aura des conséquences qui seront tirés, les premières mesures diplomatiques ont été prises. Après ce processus électoral, il y aura des clarifications », a-t-il déclaré.
Le ministre de la Communication et médias a relativisé ces tensions, refusant de « généraliser » car, estime-t-il « entre États, il peut toujours avoir des difficultés sur certains points ».
La RDC, qui partage avec le Kenya l’espace de la Communauté des États de l’Afrique de l’Est (EAC), se dit « en droit d’être inquiet » alors qu’un pays ami « laisse naître sur son sol un mouvement armé et qui résout d’attaquer notre pays militairement ». Pour dire son mécontentement, Kinshasa avait décidé de rappeler ses ambassadeurs au Kenya et à l’EAC.
Yvette Ditshima