La réunion annuelle des chefs d’Etat et de gouvernement, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, s’ouvre ce mardi à New-York.
Le président congolais Félix Tshisekedi fera son oral à la tribune de l’ONU ce même mardi, quelques instants après le Sénégalais Macky Sall et le Brésilien Jair Bolsonaro.
Qu’attendre de l’allocution de Félix Tshisekedi ? Le chef de l’État congolais ne manquera pas d’aborder trois sujets majeurs : les élections, la situation sécuritaire dans l’Est du pays et les aspects environnementaux des blocs pétroliers.
La CENI à pied d’œuvre
En RDC, le prochain scrutin électoral est prévu au dernier trimestre de 2023. Conformément à la Constitution, les prochaines élections, particulièrement la présidentielle, doivent être organisées au plus tard le 26 octobre 2023. Cependant, la feuille de route de la CENI a prévu de convoquer le corps électoral fin décembre de la même année.
Si le président de la CENI, Denis Kadima, rassure que le glissement n’est pas le vocabulaire usité dans son institution qui travaille pour tenir le délai, ce n’est pas ce qui rassure une partie de la classe politique et dans une certaine mesure, la communauté internationale qui n’attendent revivre le raté de 2016.
La centrale électorale qui a presque bouclé le travail de cartographie et a réceptionné lundi le premier lot de matériels d’enrôlement des électeurs pour des tests, compte lancer ces dernières opérations d’ici décembre. Question de disposer d’un fichier électoral avant le deuxième trimestre de 2023.
Félix-Antoine Tshisekedi devrait se reposer sur ces éléments pour rassurer une communauté internationale qui attend plus d’assurances pour appuyer le processus.
Mais la principale contrainte pour le respect du délai constitutionnel, c’est le financement.
Au niveau international, hormis les États-Unis qui ont déjà sorti près de 20 millions de dollars pour appuyer les actions d’éducation électorale et de formation des observateurs, les autres partenaires internationaux traînent le pas.
Au niveau national, le gouvernement, à travers le ministre des Finances, Nicolas Kazadi, a annoncé avoir payé 298 millions USD sur plus de 600 millions USD sollicités pour les opérations électorales depuis le début de l’année.
Mais à la centrale électorale, des sources contactées par INFOS.CD avaient précisé que le décaissement ne suit cependant pas le rythme des opérations telles que programmées. Le gouvernement accuse quatre mois de retard, malgré ses énormes efforts consentis depuis le début de l’année.
Départ ou révision de la mission onusienne en RDC ?
Les dernières élections ont été perturbées par l’insécurité grandissante à l’Est de la RDC, privant ainsi les électeurs de Beni de leur droit de vote.
Quatre ans après, cette insécurité s’accentue avec l’exhumation des rebelles M23 qui se sont emparés de la cité de Bunagana depuis trois trois mois.
Cette situation, qui prend des proportions inquiétantes, a poussé les populations de la région à demander le départ de la mission onusienne.
A la suite des manifestations ayant causé mort d’hommes à Goma et Butembo fin juillet et début août, le gouvernement avait décidé de réévaluer le plan du retrait de la MONUSCO, calmant ainsi relativement les esprits.
Mais la dernière sortie médiatique de Guterres, secrétaire général de l’ONU, qui a à la limite vanté la force de frappe du M23, supérieure à la Monusco, ne vient pas arranger les choses.
A l’ONU, Félix Tshisekedi va probablement réaffirmer la position de Kinshasa pour un départ progressif des casques bleus, en plus de demander la révision de ses objectifs qui doivent passer de maintien de la paix à l’imposition de la paix pour s’adapter à la réalité du terrain.
Cette adaptation, a soutenu dimanche Antonio Guterres, est un impératif.
« Les opérations de maintien de la paix étaient pour maintenir la paix. Maintenant, elles sont opérées dans des situations où la paix n’existe pas. Il nous faut une réflexion profonde sur le futur du maintien de la paix dans des situations comme celles-là », a-t-il insisté.
Il est peu probable, ont ajouté des analystes, que Félix Tshisekedi, du haut de la tribune de l’ONU, demande le départ immédiat de la MONUSCO, le président congolais étant à la recherche d’une condamnation par la communauté internationale de l’agression de son pays par le Rwanda. Même si, jusque-là, il prêche dans le désert face à une communauté internationale qui n’ose accabler le Rwanda, malgré un rapport salé des experts de l’ONU qui présente noir sur blanc l’appui de l’armée rwandaise aux côtés du M23.
Blocs pétroliers
Par contre, ce que la fameuse communauté internationale entend d’une oreille attentive, c’est la mise en vente, depuis le mois dernier, des blocs pétroliers et gaziers congolais. Des lobbies environnementaux font pression pour que Kinshasa renonce à une démarche qu’ils considèrent comme ayant des conséquences sur la préservation de l’environnement. Félix-Antoine Tshisekedi devrait probablement rassurer les uns et les autres sur la prise en compte des enjeux environnementaux tout en rappelant le droit de son pays à valoriser ses ressources naturelles pour assurer son développement socio-économique.
Laurent Omba et
DM