C’est contre « l’étranger » que Félix Tshisekedi a battu campagne. Accusant son principal challenger Moïse Katumbi d’être « le candidat de l’étranger » mandaté pour hypothéquer la RDC à ces mêmes étrangers une fois élu président de la République.
Paradoxalement, c’est Félix Tshisekedi qui deviendra le premier Président de la République démocratique du Congo à réunir autant de chefs d’État et délégations lors d’une investiture. C’est au total 18 présidents en fonctions, 4 anciens présidents de la République ; délégations des USA, France, Belgique, Chine, Russie ; Union européenne, Union africaine et autres qui ont marqué leur présence ce samedi 20 janvier au Stade des Martyrs à Kinshasa. « L’étranger’ ou « l’international » a bien répondu présent à une victoire à laquelle la campagne électorale l’a exclu.
La SADC
Dans son discours d’investiture, le Président de la République réélu a encore une fois de plus martelé sur son devoir de sécuriser les Congolais et leurs biens, tout comme défendre les intérêts de la patrie congolaise. La sécurité, ce pari lancé depuis le début du premier mandat, sera une fois de plus au rendez-vous durant ce deuxième quinquennat.
Face à l’échec de l’intervention des pays de l’Afrique de l’Est, Félix Tshisekedi a jeté son dévolu sur les pays de la SADC afin d’accompagner les FARDC dans leurs efforts d’éradiquer les groupes armés dans l’Est de la RDC. Ce partenariat qui comme quoi attendait le renouvellement du mandat de Félix Tshisekedi par le congolais pour opérer, a été renforcé cet après-midi au stade des Martyrs, avec la présence des présidents des pays clés de la SADC : João Lourenço de l’Angola, Cyril Ramaphoza de l’Afrique du Sud, Emmerson Munangangwa du Zimbabwe, Hakainde Hichilema de la Zambie.
L’EAC
Dans les tribunes, on pouvait également noter la présence de quelques présidents des pays de la Communauté de l’Afrique de l’est, l’EAC. Notamment, le burundais Évariste Ndayshimiye, le kenyan William Ruto ou encore le facilitateur dans l’installation de la force de l’EAC dans l’est de la RDC, l’ancien président du kenyan Uhuru Kenyatta. Les absences du rwandais Paul Kagame comme celle de l’ougandais Yoweri Museveni ont été sans surprise pour les observateurs avertis de la scène politique congolaise.
Quelles seront alors les relations entre la RDC et ses désormais anciens partenaires de l’EAC pour la sécurité du grand Kivu alors qu’elle a tourné son regard vers la SADC ? La question reste posée.
Le Conseil de sécurité
Pour la première fois, certains pays membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU ne se sont pas contentés de se faire représenter par leurs ambassadeurs en poste en RDC. Des délégations ont été envoyées au plus haut niveau à partir des USA, de la Russie, de la France ou encore de la Chine.
Durant ses 5 dernières années passées à la tête de la RDC, Félix Tshisekedi n’a cessé de pointer du doigt le Conseil de sécurité de l’ONU pour son inaction dans l’agression rwandaise que subit la RDC alors que tous les rapports des experts de l’ONU envoyés sur terrain indiquent bien la pénétration des éléments de l’armée rwandaise sur le sol congolais, comme l’appui du Rwanda au M23.
Finie la sourde oreille sur la guerre de l’Est ?
Les finances
La RDC a signé un certain nombre d’accords avec les Emirats Arabes Unis, tous dirigés vers le gain équitable entre les deux pays. Entre autres, la construction du port en eaux profondes de Banana, l’exploitation de l’or et consort. La présence du ministre des affaires étrangères des Emirats Arabes Unis au Stade des Martyrs est une façon de réaffirmer ces engagements qui seront d’application au cours de 5 prochaines années avec la volonté des deux parties.
Aussi, la loi sur le numérique promulguée il y a quelques mois devra s’étendre à tous les secteurs de la vie nationale selon le souhait du Président Félix Tshisekedi, outre la charge de numériser l’administration congolaise, la Serbie aura du pain sur la planche pour créer un Congo numérique d’ici-là. Un Congo où tout le monde vend et achète en ligne.
Un autre partenaire, mais avec lequel le ciel s’annonce assez nuagé au cours de ses 5 prochaines années. C’est la Chine. Vers la fin du premier mandat de Félix Tshisekedi, l’Inspection Générale des finances congolaises, IGF, a clairement identifié tous les maux caractérisant les accords dit léonins que la RDC a conclu avec la Chine du temps de Joseph Kabila. Une révision s’impose mais de quelle nature et à quel niveau ? Les intérêts à préserver ont sans doute poussé la Chine a délégué une émissaire depuis Pékin pour passer un message à Félix Tshisekedi : nous tenons à ce partenariat.
Après la campagne électorale au cours de laquelle Félix Tshisekedi a fortement rejeter l' »étranger », place à la gouvernance du pays. Et le Président réélu devra bien collaborer avec l’étranger pour atteindre un certain nombre d’objectifs qu’il s’est fixés.
Archimède