Suite à l’absence remarquée du président rwandais Paul Kagame au sommet tripartite de Luanda dimanche, la ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba, a annoncé une série de démarches diplomatiques que la République démocratique du Congo entend mener pour dénoncer les agressions dans l’est du pays et exiger des mesures concrètes contre le Rwanda.
Lors d’un briefing presse conjoint tenu avec Patrick Muyaya, ministre de la Communication et des Médias, porte-parole du gouvernement, Thérèse Kayikwamba a détaillé les actions stratégiques envisagées par la RDC sur la scène internationale.
Parmi les initiatives phrases, la ministre a annoncé l’organisation d’un échange avec le corps diplomatique accrédité en RDC. Cette réunion a pour but d’éclaircir la position du gouvernement congolais sur l’évolution du processus de Luanda, interrompu après l’annulation du sommet censé réunir les présidents Tshisekedi, Kagame et Lourenço.
« Nous avons déjà pris la décision de rencontrer le corps diplomatique accrédité en République démocratique du Congo pour avoir un échange franc sur le déroulé du processus de Luanda et ce dernier épisode », a affirmé Kayikwamba, soulignant l’importance de maintenir le dialogue avec les partenaires internationaux pour exposer les violations répétées de l’intégrité nationale.
Outre cet échange, Kinshasa entend accentuer sa pression sur le Conseil de sécurité des Nations Unies. La ministre a critiqué l’inaction de cette institution face à la crise dans l’Est de la RDC.
« Le Conseil de sécurité a pour responsabilité et rôle d’être le garant de la paix et de la sécurité internationale. Quand un pays membre des Nations Unies se permet de violer l’intégrité territoriale d’un autre pays membre, il faut qu’il y ait des sanctions », a-t-elle rappelé.
La RDC reproche au Conseil de sécurité de ne pas excercer pleinement ses responsabilités face aux incursions attribuées au Rwanda vue le soutien présumé au M23, un groupe rebelle actif dans les provinces de l’Est. Kayikwamba a insisté sur la nécessité de continuer à interpeller les membres permanents et non permanents du Conseil pour corriger ce qu’elle considère comme une défaillance dans leur mission de maintien de la paix.
En plus des actions visibles, la ministre a évoqué des « démarches de plaidoyer plus discrètes » menées en coulisses pour renforcer la position de la RDC dans ce conflit qui affecte gravement la population locale. Ces efforts diplomatiques, selon la ministre s’inscrivent dans une logique de « complémentarité », qui implique des interventions publiques, des contacts bilatéraux avec les États, et un travail discret auprès d’acteurs clés de la communauté internationale.
Le processus de Luanda, instauré pour chercher une solution durable au conflit dans l’Est de la RDC, a été mis à rude épreuve avec l’échec du dernier sommet. La RDC a rejeté les exigences du Rwanda visant à organiser un dialogue direct avec les rebelles du M23, une condition posée par Kigali pour participer au sommet.
Cette position inflexible de Kinshasa témoigne de son rejet des concédions envers un groupe rebelle qualifié de supplétifs recrutés pour le besoin de faire la couverture des œuvres malsaines du président rwandais, qui consistent principalement à piller nos ressources.
Yvette Ditshima