Lors d’une conférence-débat organisée mardi à Kwango, où il séjourne depuis quelques jours, l’ancien Premier ministre a tablé sur ses divergences avec son compère de Lamuka, Martin Fayulu.
Adolphe Muzito a affirmé avoir cru en Martin Fayulu par « principe républicain » et par souci de « respecter la volonté du peuple qui l’a élu président de la République ».
La pierre d’achoppement, il l’a rappelé comme lors de ses dernières interventions dans les médias étrangers, c’est le Bloc patriotique où Fayulu s’est allié avec Kabila. Or, pour Muzito, c’est l’ancien chef de l’État qui a orchestré la tricherie lors des dernières élections.
« En tant qu’ancien Premier ministre, je croyais en mon ami en tant que chef de l’État élu, puisqu’il l’était en 2018. Mais finalement, je me suis rendu compte que lui-même ne se considérait pas comme tel. Cela se traduit par le fait qu’il voyait en mon attitude de la faiblesse », a déclaré le président national de Nouvel Elan.
Muzito a en outre expliqué les motivations à la base du combat qu’il a mené au sein de Lamuka en dépit des départs de plusieurs ténors de cette plateforme de l’opposition, née à Genève la veille des élections de 2018.
« Je suis resté au sein de Lamuka quand nos camarades Bemba et Katumbi sont partis, pour défendre la vérité exprimée par le peuple par principe républicain et non pour un individu. J’ai des valeurs et ces valeurs veulent que je défende la vérité quoi qu’il en coûte. Si quelqu’un y voit la naïveté, alors je ne sais pas de quelle école politique il est », a-t-il soutenu depuis Kwango alors qu’à Kinshasa, il s’est fait représenter par le secrétaire général de son parti à la cérémonie de remise et reprise avec Fayulu. Ce dernier s’est aussi fait représenter.
La cérémonie de passation de flambeau à la tête de la coordination de Lamuka s’est déroulée sur fond d’un profond malaise entre les deux leaders qui peinent à accorder leurs violons.
« Nous avons demandé aux amis de mettre sur papier (communiqué final) ce qu’ils avaient déjà commencé et ils n’en veulent pas. Moi, j’y vois de la malhonnêteté. C’est malhonnête et ne comptez pas sur moi pour faire une telle politique. Moi, je veux que tout soit au vu et au su du peuple », a expliqué Muzito qui semble désormais prendre ses distances vis-à-vis de Martin Fayulu.
Les deux sont restés les seuls leaders emblématiques au sein de cette plateforme de l’opposition après les départs prématurés de Félix Tshiseked et Vital Kamerhe, puis de Mbusa Nyamwisi, Freddy Matungulu, Jean-Pierre Bemba et Moïse Katumbi.
Chaly Sunda