Les résultats provisoires des élections législatives continuent de faire jaser. Non seulement ils seraient contestés par des perdants (quoi de plus normal dans une jeune démocratie) mais aussi, ils mettent à dure épreuve la loyauté, à l’endroit de leurs parrains politiques, des prétendants appatés par les privilèges des strapontins de l’hémicycle du Palais du peuple.
C’est notamment le cas au sein du regroupement politique AABG (Actions audibles pour la bonne gouvernance) dont le siège, situé sur le Boulevard du 30 juin à quelques pas du pont Dag Hammarskjöld, a été attaqué par un groupe d’individus, surexcités et brûlant des pneus, se réclamant proches de Ted Beleshayi, un des architectes de l’ombre de l’AABG.
A en croire des indiscrétions concordantes, ce brillant jeune homme, la trentaine révolue, jadis secrétaire général de la Ligue des jeunes de l’UDPS/Tshisekedi, aurait reconnu avoir dépêché ses partisans au siège du regroupement politique de Guylain Nyembo pour reprendre les procès-verbaux des élections législatives dans la circonscription de Tshangu où il a postulé.
Ce, sans se désolidariser ni condamner publiquement les actes de violence commis par des quidams dans les installations de l’AABG.
Très proche du Directeur de cabinet du chef de l’Etat, à qui il devrait son ascension sociopolitique depuis 2019, y compris son statut d’agent de l’Inspection générale des Finances (IGF), comme il le clamait dans ses différents entourages pour justifier ses prises de positions sur les réseaux sociaux, le mode d’expression de désappointement, assez surprenant, de Ted Beleshayi taraude plus d’un observateur du jeu électoral congolais.
Certes, il y va de son droit de contester les résultats provisoires publiés par la CENI et de saisir la cour constitutionnelle pour être rétabli dans ses droits bafoués au profit, soi-disant, d’un autre membre de l’AABG proclamé élu. De quoi le comprendre et, s’il en faut, le soutenir dans sa quête de la vérité des urnes.
Cependant, deux éléments au moins dans ses postures revêtent un caractère intriguant et plaideraient en sa défaveur. De un. L’empressement avec lequel Ted Beleshayi a alerté le monde sur l’injustice dont il serait victime plutôt que de s’employer à laver, en famille, un linge sale. Ce, dans le but ultime de ne pas ternir, malgré lui, l’image de son propre regroupement politique dans ce contexte politique pour le moins délicat. « Selon les résultats publiés par la CENI, je suis 2ème sur ma liste avec 2937 voix donc non élu, c’est impossible que je fasse ce nombre de voix, j’ai dit bien c’est impossible. », a-t-il posté notamment sur X (ex-tweeter).
Une chose est de jouir à souhait de la liberté de se pavaner sur la place publique, une autre de démontrer, devant les juges de la haute cour, la véracité des propos fondant cette vanité si exécrable aux yeux d’aucuns. A cet effet, il a besoin des PV qui, malencontreusement, ne sont pas à sa portée. Si l’on croit à son initiative de dépêcher les siens reprendre ces précieuses preuves au siège du regroupement politique.
De deux. Il y a lieu de se demander la raison pour laquelle il a préféré offusquer l’AABG détenant les PV plutôt que d’y aller séreinement en saisissant Guylain Nyembo, son « parrain » et celui de ce regroupement politique, pour obtenir gain da cause. C’est là que le bas blesse. D’autant plus qu’en violant le siège de l’AABG, fruit de ses sacrifices, et jetant l’anathème sur les collaborateurs de Guylain Nyembo, il tente de couvrir d’opprobre le directeur de cabinet du chef de l’État, celui-là même qui l’a gracieusement nourri au point d’avoir été à quelques pas d’intégrer l’équipe gouvernementale sous le Premier Ministre Jean Michel Sama.
A-t-il été trahi par son tempérament sanguin, comme le décrivent ses proches? Ou a-t-il saisi cette fâcheuse occasion pour dévoiler sa vraie nature intrinsèque? Difficile d’y répondre fermement.
Une évidence : en politique, surtout sous les tropiques congolaises, l’intelligence ne suffit pas pour briller de sa fulgurante lumière. La loyauté, surtout à dure épreuve, en est un facteur nonn négligeable. Elle peut offrir des gains assez substantiels selon les dynamiques à bien lire et saisir. Comme qui dirait, la loyauté peut disposer de sacrifier des gains à court terme, et en gagner davantage par la suite.
Ceci mériterait une attention particulière des jeunes engagés en politique, un marigot dont ils peuvent se soustraire au mieux. A cet effet, ils auront intérêt de très bien intérioriser cette précieuse mise en garde du poète grec Euripide : « Quand la Divinité prépare des malheurs à un homme, elle lui enlève d’abord la raison.» Pour ce faire, avant d’agir, il convient de saisir les ressorts de la rationalité dominante dans ce panier de crabes.
LT