Dans son office sur l’avenue de la Justice à Gombe, Claude Ibalanky, Coordonnateur du Mécanisme national de suivi de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, y maintient son rythme de travail de coutume. Comme si de rien n’était.
Sans s’inscrire dans des polémiques infertiles distillées abondamment dans les réseaux sociaux, il est patriotiquement utile de lutter contre les architectes de cette manipulation.
Qui en veulent à Claude Ibalanky? Pourquoi lui en veulent-ils ? Loin de relever du banal, ces questions permettent d’apporter de la lumière pour la promotion de la vérité des faits.
Réhabilitation du chapiteau de la cité de l’UA
Après deux années de report du sommet des chefs d’Etat et de Gouvernement des pays signataires de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba initialement prévu en octobre 2019, Claude Ibalanky prend l’initiative de la rénovation du chapiteau placé, il y a plus de dix ans, à l’entrée de la cité de l’Union Africaine sur les hauteurs du Mont Ngaliema. Avec la bénédiction de la plus haute hiérarchie persuadée du bienfondé de ce projet, Claude Ibalanky s’y emploie mais dans un contexte difficile : les effets de la pandémie de Covid-19 perturbent les trafics et risquent de porter un coup dur sur l’acheminement en bon temps des matériels importés pour monter la grande tente destinée à abriter, le 24 février 2022, le dixième sommet des chefs d’Etat et de Gouvernement des pays signataires de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba.
La montagne de défis à relever n’avait pas disposé beaucoup de gens de croire en la réussite de la construction du chapiteau de haute facture et en un temps record. Avec le concours des experts avérés parmi des compatriotes, le pari est gagné à la grande satisfaction du chef de l’État et de ses hôtes de marque, parmi lesquels six chefs d’Etat africains. A l’honneur grandiose de la République.
Mais, ce succès pour la RDC, qui venait ainsi d’organiser majestueusement le tout premier sommet sous le Président Félix Tshisekedi, a semblé aigrir, y compris dans plusieurs entourages de Claude Ibalanky, un homme passionné de lourds défis, selon mon constat.
Pourtant, ce prestigieux chapiteau a été d’une utilité plurielle. Il a abrité le sommet des chefs d’Etat et de Gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), que préside le chef de l’État, tenu en juillet 2022. Certains matériels de cette grande tente ont été mis à contribution dans l’aménagement du cadre du Palais du peuple où s’est tenu, en août dernier, le sommet des chefs d’Etat et de Gouvernement de la communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) que dirige le Président de la République.
L’inimitié inhérente à la politique
Dans « Carl Schmitt. La notion de politique, théorie du partisan”, le chercheur Nicolas Tanaillon explique ce qui fait la spécificité de la politique, notamment par rapport au droit ou à la morale. Selon lui, « la politique obéit à une opposition fondamentale entre « l’ami » et « l’ennemi » ». Dès lors, l’auteur soutient que le politique ne peut vivre sans ennemi qui, du reste, structure ses actions.
Comme tous les politiques, particulièrement ceux qui s’emploient à se distinguer positivement, Claude Ibalanky constitue un cas concret de cette pensée de Carl Schmitt qui voit l’ennemi tant à l’interne qu’à l’externe du champ d’action du politique. Ceci suggère à considérer, ne serait-ce qu’à titre d’hypothèse, que Claude Ibalanky a autant d’amis que d’ennemis au Mécanisme national de suivi, à la Présidence de la République, au sein de la classe politique congolaise et au-delà.
Dès lors, il est évident que si ses détracteurs venaient à disposer d’éléments probants liés à des faits à son encontre, Claude Ibalanky ne serait pas debout dans ses bottes. Preuve, si besoin est, de son innocence qui plaide en faveur de cet homme qui se veut « juste ».
Son atout, certainement, demeure la confiance que le chef de l’Etat a placé en lui, pour un défi titanesque : la pacification et la stabilisation de l’Est de la RDC et de la Région dont il a élaboré un Programme (Feuille de route).
Surfer sur la résurgence du M23 pour le décrédibiliser
La résurgence du Mouvement du 23 mars a servi de matière aux haineux qui, suite à une déception bue à la lie, ne cachent plus leur ambition : manipuler l’opinion pour obtenir l’ostracisme d’Ibalanky, c’est-à-dire son rejet hostile par la collectivité, et, de la sorte, précipiter sa défenestration. Leur prétexte : le Haut Représentant du Chef de l’Etat près le Mécanisme régional de suivi de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba serait proche du pouvoir rwandais, accusé d’agresser la RDC sous le couvert du M23.
Il faut refuser, par mauvaise foi, de réfléchir un instant pour considérer que parler avec un instigateur serait une expression de complicité au détriment de la République.
Au fond, en scrutant les déclarations des proches du chef de l’Etat sur la gestion de la crise sécuritaire dans l’Est, il se dégage deux tendances. D’une part, celle relevant d’une opposition farouche au dialogue avec le M23 et soutenant sans cesse l’opinion militaire malgré ses conséquences humanitaires, et, d’autre part, celle consistant en la défense intransigeante des intérêts de la République dans un cadre de dialogue avec toutes les parties concernées, pour éviter les méfaits de la guerre tout en mobilisant la population et le monde en soutien aux efforts du chef de l’État.
Coordonnateur d’une structure de promotion de la paix, Claude Ibalanky ne cache pas ses convictions : à l’entendre et le lire, il a un penchant d’abord pour l’option politique, mieux non-militaire non sans coordination avec l’option militaire tout en soutenant sans réserve toutes les décisions du Président de la République.
Dans toute administration, y compris aux USA, il y a des tendances au sein du pré carré du chef de l’Etat. Ceci ne devrait nullement scandaliser d’autant plus que du choc des idées jaillit la lumière.
A voir le repositionnement des acteurs autour du Président de la République sur la gestion de la crise du M23, les tenants de la deuxième tendance, axée sur une résolution pacifique appuyée par la dissuasion militaire, seraient non pas écartés comme certains esprits peu éclairés l’avancent à tort mais plutôt mis dans l’ombre tout en restant pleinement actifs. Rendre visibles et mettre dans l’ombre relèvent des tactiques du ressort du pouvoir discrétionnaire de l’autorité suprême, seul maître à bord qui ajuste les stratégies selon sa vision à laquelle tous ses collaborateurs sont rangés. Dès lors, travailler dans le silence est loin de relever de l’inaction. Car, quel que soit le niveau de médiatisation, le travail rendu au service de la République et avec loyauté au chef de l’Etat est au final soumis à l’appréciation d’une seule et même personne qui scrute au-delà de tout : c’est le Président de la République.
A chaque saison, ses fruits, pourvu qu’ils soient bons.
OR Tshimanga
Analyste politique