Le 24 avril 1990, la cité de la N’sele, à l’Est de Kinshasa, accueille les cadres du parti unique de l’époque, le Mouvement populaire pour la révolution (MPR), pour une annonce solennelle du président-fondateur, le Maréchal Mobutu.
Après des tergiversations protocolaires, l’homme fort du Zaïre a annoncé la fin du monopartisme. Mobutu a affirmé avoir résolu, « seul devant sa conscience, de tenter l’expérience du pluralisme politique dans le pays, avec comme base, le principe de liberté, pour chaque citoyen, d’adhérer au parti politique de son choix ».
L’instant est unique. Mobutu laisse couler quelques gouttes de larmes, suivies d’une phrase devenue mythique depuis : « Comprenez mon émotion ». Il a lancé cette phrase, hors discours, pour expliquer ses pleurs.
Arrivé au pouvoir 25 ans plus tôt, Mobutu, au moment de ce discours historique, a été affaibli par une opposition menée dans la clandestinité par divers partis, dont l’UDPS, créée en 1982.
Sept ans après avoir traîné le pays sur la voie de la démocratie, Mobutu a été évincé du pouvoir par Laurent Désiré Kabila. Au total, 26 ans se sont écoulés entre cette ouverture politique et les premières élections démocratiques en 2006.
Trente-quatre ans après le discours de la N’sele, la RDC est de plein pied dans la culture démocratique avec déjà 4 cycles électoraux. Pas suffisant de l’avis des experts de la politique congolaise.
Intervenant au micro de la Radio Okapi, le politologue Christian Moleka a ainsi dressé un « bilan mitigé » de la démocratie en RDC avec « l’émergence des petits Mobutu, aujourd’hui appelés autorités morales dans les partis politiques ».
De son côté, le professeur Toussaint Tshilombo veut voir les dirigeants congolais retenir la leçon de cette « date de la rupture et de la vérité ». Au pays, ce jour, globalement, est passé inaperçu.
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