Transféré le 10 juin à l’auditorat militaire, le bras droit de Moïse Katumbi est soupçonné de collusion avec des officiels rwandais et des rebelles du M23. Dénoncée par le camp de l’opposant, l’affaire a fait l’objet d’une discrète réunion entre des ministres de Félix Tshisekedi et certains ambassadeurs.
Après dix jours de détention dans les locaux du renseignement militaire, où il a été auditionné à plusieurs reprises, l’opposant Salomon Idi Kalonda a été transféré à l’auditorat militaire le 10 juin. Après un premier interrogatoire, il a été incarcéré le même jour à la prison de Ndolo, à Kinshasa.
Arrêté le 30 mai sur le tarmac de l’aéroport de Kinshasa-Ndjili, le conseiller et bras droit de Moïse Katumbi est soupçonné, entre autres, de collusion avec le Rwanda et les rebelles du M23. Le 5 juin, le renseignement militaire a assuré, en conférence de presse, que Salomon Idi Kalonda était « en contact permanent » avec ces derniers. « L’un des objectifs était de renverser le pouvoir en place en RDC par tous les moyens, et d’installer un ressortissant katangais », a-t-il été précisé.
Preuves à charge et « devoir de réserve »
Depuis, l’affaire n’a cessé de prendre de l’ampleur. Selon nos informations, le soir du 8 juin, quelques heures après la perquisition des résidences de Salomon Idi Kalonda à Kinshasa et Lubumbashi, une discrète réunion a été convoquée en dernière minute au ministère des Affaires étrangères. Plusieurs ambassadeurs, conviés, y ont pris part. Parmi eux, les représentants de la France, de la Belgique et des Pays-Bas, mais aussi de l’Union africaine, de la Chine ou encore de l’Angola et du Gabon.
Côté gouvernement, certains ministres, dont ceux de la Communication, Patrick Muyaya, et des Affaires étrangères, Christophe Lutundula, y ont assisté aux côtés du général-major Christian Ndaywel, chef d’état-major adjoint chargé du renseignement militaire. Selon plusieurs sources concernées par ces discussions, les échanges ont été l’occasion pour la partie congolaise d’évoquer certaines des preuves à charge qui figureraient dans le dossier, dont des transcriptions de messages entre Salomon Idi Kalonda et des officiels rwandais.
La présentation, qui a connu quelques couacs techniques, avait aussi pour but d’appeler le corps diplomatique à faire preuve de prudence dans ses prises de position et à respecter son « devoir de réserve » dans cette affaire extrêmement sensible. L’entourage de Félix Tshisekedi craint en effet un emballement médiatique et diplomatique.
À six mois d’une élection présidentielle à laquelle Moïse Katumbi est candidat, l’arrestation de son bras droit a immédiatement suscité l’indignation d’une partie de l’opposition, qui a fermement condamné cette incarcération. L’entourage de l’ancien gouverneur du Katanga n’hésite pas à dénoncer une « affaire politique » destinée à « affaiblir » un potentiel adversaire du chef de l’État.
Avec Jeune Afrique