De quel type de mandat les Forces de l’EAC sont-elles porteuses? La question divise Kinshasa et Dodoma qui avancent chacun des sons de cloche diamétralement opposés.
Selon la présidente de la Tanzanie, Samia Suluhu, le mandat des troupes de l’EAC n’a jamais été offensif comme l’a maintes fois affirmé le ministre congolais des Affaires étrangères.
« Le travail des troupes de l’EAC est de maintenir la paix. Nous ne sommes pas allés nous battre », a-t-elle déclaré lors d’une rencontre à Pretoria avec son homologue sud-africain Cyril Ramaphosa.
La déclaration a suscité des commentaires dans tous les sens, allant jusqu’à opposer Samia Suluhu aux autres chefs d’État de l’EAC.
« La présidente tanzanienne a ouvertement contredit les résolutions des dirigeants de l’EAC prises à Nairobi, selon lesquelles une mission d’imposition de la paix sera déployée dans l’Est du Congo pour rétablir la paix et chasser les rebelles », a épinglé un journaliste tanzanien.
Tanzanian President @SuluhuSamia in SA openly contradicted the @jumuiya leaders resolutions made in Nairobi that a peace enforcement mission will be deployed to eastern Congo to restore peace & chase rebels. She says this is a peacekeeping mission and not there to fight
— Mwangi (@MwangiMaina_) March 19, 2023
Par ailleurs, à scruter les déclarations de la présidente tanzanienne, la mission de l’EAC, de manière générale, est de ramener autour d’une table le gouvernement congolais et les rebelles du M23, qui contrôlent plusieurs localités congolaises depuis qu’ils ont repris les armes fin 2021.
« Nous allons assurer la paix en dialoguant avec les têtus ou rebelles, les armées qui se battent et qui rendent impossible la paix dans ces milieux », a avancé Samia Suluhu alors que Kinshasa semble catégorique face à toute initiative tendant au dialogue avec les M23 qu’il considère comme mouvement rebelle.
Avec divers autres groupes armés, le gouvernement congolais a eu des négociations par deux fois à Nairobi sous la houlette de Uhuru Kenyatta, ancien président kényan.
Samia Suluhu a par ailleurs tenté de rassurer que « l’EAC a un programme pour imposer la paix » à l’Est de la RDC. Car, a-t-elle expliqué, cette région est « très importante pour le business ». Particulièrement pour son pays qui veut lancer un projet de construction d’un chemin de fer devant relier Tanzanie-Burundi-RDC et ainsi faciliter des échanges commerciaux entre les pays de l’Est.
Ce projet, a-t-elle soutenu, ne peut aboutir sans une RDC en paix.
Laurent Omba