C’est peut-être un tournant décisif pour le mouvement rebelle M23 qui voit germer en son sein une aile « nationaliste », baptisée « M23 rénové ».
Dans un communiqué publié ce jeudi et signé par Micky Muhanuka, qui se présente comme porte-parole de cette aile révolutionnaire, des cadres et membres du M23 d’origine congolaise se disent « fatigués d’être des marches-pieds des mercenaires rwandais et ougandais ».
Désormais réunis dans un mouvement qu’ils veulent 100% congolais, ces frustrés du M23 entendent « sauver la situation et préserver la paix à l’Est de la RDC ». Si leur identité n’a pas été révélée, l’on sait que le groupe est né d’une « injustice interne » et de l’exclusion des Congolais dans le partage des « avantages et butins de guerre » mais aussi des « financements qui viennent du Rwanda et de l’Ouganda ».
Ces recettes proviennent notamment des taxes de Mushaki, Kilolirwe, Kitchanga, Mweso, Tongo, Kibumba, Kalengera, Kiwanja et Bunagana. Dans le partage, les troupes rwandaises et ougandaises bénéficieraient ainsi d’un « traitement spécial » au détriment des Congolais.
Ces accusations sonnent comme un camouflet pour ces deux pays alors que Kigali nie toujours son implication dans le conflit malgré les multiples appels au retrait des troupes rwandaises de la RDC, lancés par les États-Unis, la France, la Belgique et même les Nations-Unies.
Selon cette aile révolutionnaire au sein du mouvement rebelle, les congolais membres du M23 subissent de « mauvais traitement » et « beaucoup d’autres abus ». Ces Congolais en ont également marre de participer aux « tueries des civils à grande échelle » alors que la guerre au Nord-Kivu a décimé des villages, en plus des « pillages » des ressources minières de la RDC.
Autre sujet d’indignation du M23 Rénové, la mise en avant des combattants congolais sur la ligne de front. Ces derniers se font « abattre comme des insectes » par les FARDC alors qu’ils ne sont pas impliqués dans la prise des décisions.
Un véritable tourbillon susceptible de précipiter la scission du M23 et de fragiliser ce groupe rebelle.
Djesany Sundi