Les voix ne cessent de s’élever tandis que l’encre refuse de sécher pour dénoncer l’arrestation et l’incarcération de Stanis Bujakera Tshiamala.
Emprisonné au Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa, connu sous le nom de la prison de Makala, ce talentueux journaliste de Jeune Afrique et actualité.cd continue de bénéficier de soutiens tant à l’international que sous les tropiques congolaises.
Parmi les derniers écrits à son propos, il y a l’édito du 27 octobre dernier signé par les soins de José Nawej, un véritable baobab de la presse congolaise, tombé le samedi 28 octobre.
Sur les colonnes du quotidien Forum des As dont il était alors l’éditeur délégué, ce rigoureux analyste, très peu avant de passer de vie à trépas, a livré à ses lecteurs, comme il savait bien le faire, une intéressante réflexion axée sur « à nouveau l’odeur … des sanctions ». Partant du constat de l’état peu chaleureux des relations diplomatiques entre les Etats-Unis d’Amérique et la République démocratique du Congo au soir du mandat de Félix Tshisekedi, cet as de la presse note qu« une contre-expertise géopolitique aurait (jadis, ndlr) permis de comprendre que le soutien affiché de l’administration américaine au successeur de Joseph Kabila n’était pas inconditionnel. »
La semaine dernière, Joe Biden, patron de l’administration américaine, a prolongé d’une année l’état d’urgence nationale liée à la RDC.
Dans un communiqué publié par la Maison Blanche, il a déclaré que « la situation en ou liée à la RDC continue de constituer une menace inhabituelle et extraordinaire pour la politique étrangère des États-Unis. Pour cette raison, l’état d’urgence nationale déclaré dans le décret présidentiel 13413 du 27 octobre 2006, modifié par le décret présidentiel 13671 du 8 juillet 2014, doit rester en vigueur au-delà du 27 octobre 2023. »
Le rapprochement de Félix Tshisekedi avec le Département d’État des USA en 2019 n’aura pas suffi pour sortir structurellement Kinshasa de cette situation si embarrassante, susceptible de susciter des perceptions peu appréciables de la situation en RDC en dépit des efforts de gouvernance diplomatique de près de cinq ans. A quelques semaines des élections générales, le président américain a mis sur le tapis congolais un sujet qui pourrait alimenter la campagne électorale.
Dans sa cogitation, José Nawej fait remarquer que « la jurisprudence diplomatique renseigne que le régime de sanction est cet épouvantail que la super puissance étatsunienne agite pour atteindre ses objectifs stratégiques. Ou pour rappeler à l’ordre un « partenaire » jugé de plus en plus ingérable. Surtout si ce dernier prête le flanc aux admonestations « très amicales » de l’allié américain en prenant des libertés avec l’abc des libertés dites fondamentales. » A cet effet, poursuit-il, « On ne peut pas dire que certaines démarches, comme par exemple, le très médiatisé embastillement du journaliste Stanis Bujakera ou encore le regain du discours identitaire à des fins politiques plaide pour le pouvoir en place. »
Il est reproché, entre autres, à Stanis Bujakera la « propagation de faux bruits » en lien avec la publication, par Jeune Afrique, d’un article, ne portant point la signature du journaliste, citant un rapport attribué à l’Agence nationale de renseignements et mettant en cause les renseignements militaires congolais dans l’assassinat de Chérubin Okende, ex-ministre des Transports et porte-parole d’Ensemble, un parti politique de l’opposition.
La rédaction