Ce 24 avril 2024, huit ans se sont désormais écoulés depuis la disparition à Abidjan de Jules Shungu Wembadio dit « Papa Wemba », une des icônes de la chanson congolaise.
Nous sommes le 24 avril 2016. Kinshasa se réveille sous le choc de l’annonce du décès inopiné de Papa Wemba. Des vidéos montrant la chute du « Vieux Bokul » en plein exercice de son métier au FEMUA font le tour des réseaux sociaux.
Huit ans plus tard, Infos.cd choisit également huit aspects de la vie de la figure emblématique de la Sape.
1. « Roi de la rumba »
Né en 1949 dans le Sankuru, Papa Wemba compte parmi les meilleurs représentants de la rumba congolaise dans le monde. Jusqu’à son décès, il était considéré comme le roi de ce style musical inscrit depuis dans le Patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. En avril 2015, une année avant son décès, Papa Wemba rappelait qu’il n’a jamais revendiqué ce titre : « C’est naturel. Et puis bon, l’étiquette de « Roi de la rumba », c’est la presse française qui me l’a collée ! Je suis avant tout de ceux qui défendent ce style musical, car pour moi la musique congolaise restera toujours la mère de la musique africaine moderne ».
2. Prince de la sape
Le succès de Papa Wemba ne tient pas qu’à l’art d’Orphée. Artiste complet, ce « Kinois » comme il aimait se faire appeler était également connu pour son élégance vestimentaire. A son décès, le Nouvel observateur français le dépeint comme le « prince de la sape », cet acronyme renvoyant à la Société des ambianceurs et des personnes élégantes. Dans l’ex-Zaïre, Papa Wemba compte, avec les Niarkos et autres, parmi les initiateurs de la Sape au début des années 70. Ce style se caractérise notamment par les plus grandes audaces vestimentaires.
3. Cinéaste
Si son rôle dans « La vie est belle » de Ngangura Dieudonné Mweze et Benoît Lamy en 1987 a marqué les esprits et se hisse comme sa référence filmographique, Papa Wemba a également participé à d’autres projets du 7ème art dont des rôles clés dans Combat des fauves de Benoît Lamy en 1997 aux côtés de Ute Lemper et Richard Bohringer mais aussi dans Kinshasa Kids de Marc-Henri Wajnberg en 2012. A côté de ces rôles, il a également composé des bandes originales pour films dont celle de La vie est belle.
4. Chef coutumier autoproclamé
En 1977, quand il crée le groupe Viva La Musica, Papa Wemba eut une idée ingénieuse pour désigner son lieu de répétition, installé dans la parcelle familiale à Kinshasa Matonge. « Village Molokai », un acronyme reprenant les noms de 5 avenues Masi Manimba, Oswe, Lokolama, Kanda Kanda et Inzia. Ces 5 avenues représentent alors son principal cercle d’influence. De ce village, il s’autoproclame « chef coutumier ». Près de cinquante ans plus tard, l’esprit Molokai est encore vivant.
5. La musique, une passion héritée
Papa Wemba a tout hérité ou presque de sa mère à qui il a notamment dédié une chanson devenue culte. C’est de sa maternelle, « pleureuse professionnelle » qu’il tient également son goût pour le chant. En l’accompagnant dans ses prestations aux différentes veillées funèbres, le jeune Jules a découvert sa propre passion. Plus tard, il intégra des chorales religieuses où il a forgé sa voix haute, très caractéristique. « Ma maman était pour moi mon premier prof et mon premier public », avait-il révélé de son vivant.
6. L’unique Congolais certifié aux États-Unis
Ayant recueilli un succès planétaire, Papa Wemba a marqué les esprits avec son album « Emotion », certifié disque d’or aux Etats-Unis en 1995 avec plus de 500.000 exemplaires vendus. A ce jour, il est le seul Congolais à avoir réalisé cette prouesse. Il est également le deuxième artiste congolais, après Tabu Ley Rochereau, à signer avec un éditeur musical international, Real World de Peter Gabriel.
7. Affaire « Ngulu » et condamnation judiciaire
En 2003, Papa Wemba se retrouve au cœur d’une affaire de trafic de visas et d’aide à l’immigration clandestine. C’est le début de l’affaire « Ngulu » avec des musiciens qui profitent de leurs tournées musicales en Europe pour faire voyager les non-musiciens. Le 17 février 2003, Papa Wemba est interpellé à Paris et maintenu en détention pendant trois mois et demi. Il est finalement condamné, le 16 novembre 2004, à trente mois de prison, dont quatre fermes déjà purgés en 2003, et 10.000 euros d’amendes pour « aide au séjour irrégulier de clandestins sous couvert de ses activités musicales ».
8. Son décès, une fête pour la musique
Ce 24 avril, le continent célèbre également la « Journée africaine de la musique ». Proposée en 2016, la Journée a finalement été retenue depuis 2022 après un plaidoyer mené par la RDC et la Côte d’ivoire. Une façon pour l’Union africaine de rendre des hommages dignes de son rang à celui dont la notoriété avait traversé des continents.
Infos.cd