Les IXes Jeux de la Francophonie qui se clôturent ce dimanche 6 août par une cérémonie solennelle au stade des Martyrs est forcément une grande réussite tant au niveau de l’engouement que de la construction des infrastructures sportives.
« C’était inattendu. Franchement, le miracle congolais a bel et bien eu lieu. Les Jeux sont organisés dans de très bonnes conditions ».
Cette déclaration de la directrice du Comité international des Jeux, Zeina Mina, vendredi soir lors du briefing de presse aux côtés du porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya et du directeur du Comité national des Jeux, Isidore Kwandja, en dit long sur les doutes qui avaient entouré l’organisation de cette grande fête sportive et culturelle du monde francophone et sur la surprise de sa réussite.
Si les infrastructures culturelles ne présentaient pas de soucis majeurs, la grande préoccupation était au niveau des installations sportives.
Malgré deux reports (en 2021 à cause du COVID-19 et en 2022 à cause des infrastructures), la RDC accusait toujours un grand retard dans l’organisation.
Ce n’est qu’à la nomination d’Isidore Kwandja au poste de directeur du Comité national des Jeux en novembre 2021, que les choses ont commencé réellement à bouger.
En l’espace d’une année, c’est un gymnase jumelé qui est sorti de terre au stade des Martyrs, en plus de la complète réhabilitation de l’ancien stadium de basket désormais couvert et placé aux standards internationaux. Il y a aussi la réhabilitation du terrain annexe de ce stade, qui a désormais une pelouse naturelle, une nouvelle piste d’athlétisme, une petite tribune et un éclairage. La grande enceinte du stade des Martyrs a aussi accueilli sa nouvelle piste d’athlétisme.
Seul bémol
Au stade Tata Raphaël, s’imposent désormais des bâtiments préfabriqués ( pas complètement terminé ) qui servent de logements à une partie de délégations (la grande partie est logée à l’Université de Kinshasa), un restaurant, un gymnase pour le judo et un autre pour le tennis de table.
Le seul bémol vient de la mythique enceinte du football, qui a accueilli le combat du siècle en 1974 entre Mohamed Ali et Georges Foreman. Bien qu’il présente également un nouveau visage et a accueilli des rencontres de football dans ces IXes Jeux, il reste encore gros à faire dans ce stade. L’équipe d’Isidore Kwandja pouvait pourtant mieux faire, car ayant trouvé une grande partie du travail déjà réalisé par la société Divo.
En 2019, cette entreprise locale avait, sur fonds propres, entrepris les travaux de réhabilitation de ce stade mythique en prévision de grands événements à venir, notamment la commémoration du 45e anniversaire du combat du siècle.
Les gros oeuvres, les travaux de soutènement des murs, la pose de nouvelles barrières de sécurité et des grillages de séparation tout autour du terrain visible, la remise à niveau de tout les gradins, les travaux de voirie, début des travaux de plomberie, vestiaires, facette principale avaient déjà été réalisés, jusqu’à ce que la pandémie de Covid-19 ne vienne rendre difficile l’acheminement de matériaux de construction commandés à l’étranger et ralentir les travaux.
Entorse au contrat
Au moment où tout devrait reprendre, l’ancien haut représentant du Chef de l’Etat pour les Jeux de la Francophonie, Didier Tshiyoyo a mis fin de manière peu légale au contrat de Divo avec le ministère des Sports.
Le ministre des Sports d’alors, Serge Nkonde, qui avait trouvé le contrat signé avec Divo par son prédécesseur, n’avait pas manqué de déplorer, dans une correspondance, une « entorse » à un engagement de l’État vis-à-vis de cette entreprise, qui, il est important de le préciser, n’a jamais reçu un seul dollar de l’Etat pour ce projet.
S’il a réceptionné les matches des Jeux de la Francophonie, le stade Tata Raphaël n’est toujours pas encore mis aux standards internationaux. A son état actuel, il est impossible que cet antre sportif qui avait accueilli la finale aller de la Ligue des champions entre V. Club et CS Sfax de la Tunisie ne soit homologué par la Confédération africaine de football (CAF) pour des rencontres internationales.
A part la peinture, la pelouse synthétique, le marquoir électronique et la sonorisation, l’éclairage, le Comité national des Jeux n’a pas réalisé une réhabilitation de fond dans ce stade où, par exemple, derrière les gradins, rien n’est retouché, en plus de la non installation des sièges pour le public.
Que compte faire maintenant la société Divo pour rentrer dans ses droits ? Doit-elle exiger un remboursement de ses dépenses ou la régularisation de son contrat pour poursuivre ce projet jusqu’à la réhabilitation complète du stade ? Contacté, un responsable de la société ne veut pas pour autant mettre la pression sur le gouvernement, mais semble avoir confiance au bon sens des autorités.
Gestion après les jeux
« Le plus important, c’est de faire briller la RDC. Tout le reste n’est que secondaire et gérable », temporise-t-il.
Mais au-delà de tout, que ce soit au stade des Martyrs ou à Tata Raphaël, il se pose avec acuité une grande question sur la gestion de toutes ces infrastructures après les jeux de la Francophonie.
Interrogé par la presse vendredi, le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya a rassuré que la question est sur la table du gouvernement qui devrait très vite trouver la bonne formule pour préserver les acquis de ces jeux qui ont coûté des millions au Trésor public.
Au pays, une large opinion est plutôt favorable à une gestion confiée aux privés, avec un contrat en bonne et due forme.
Infos.cd