L’artiste musicien Tsaka Kongo, plus réputé pour son action en faveur de l’amélioration des conditions sociales des artistes que pour son art, a cassé sa pipe vendredi au centre de santé TVC Médical dans la commune de Ngiri-Ngiri à Kinshasa.
Une maladie, non dévoilée par sa famille, a emporté, du haut de ses 67 ans d’âge, le coordonnateur de l’ASBL Artiste en danger.
L’homme a consacré une bonne partie de sa vie à défendre les droits des artistes avant d’être tenu loin des écrans, son état de santé étant en perpétuelle dégradation. Ironie du sort, Tsaka Kongo a vécu ses derniers instants sur terre comme un artiste oublié.
Biographie
Né Edmond Langu Masima, Tsaka Kongo est le nom de scène de cet artiste danseur et chorégraphe né à Kinshasa le 6 juillet 1957.
Jadis baptisé Chaka Zulu, Tsaka Kongo a marqué les esprits avec la sortie, en 1990, de la chanson « Démocratie », diffusée au quotidien avant le Journal télévisé sur la chaîne nationale (alors OZRT) et la retransmission des travaux de la Conférence nationale souveraine.
Ancien protégé de Lita Bembo, Tsaka Kongo s’est produit en 1994 au festival « Ngwomo Africa » aux côtés des noms ronflant de la scène africaine comme Manu Dibango, Aisha Koné ou encore Check Khaleb.
En début des années 2000, alors que les musiciens ont décidé d’enterrer leur hache de guerre et de se réunir au sein de la défunte Union des musiciens congolais (UMUCO), Tsaka Kongo en devient le responsable des affaires sociales.
Cette fonction lui fait découvrir une vocation, devenue plus tard son combat. Il a créé l’association Artiste en danger à la suite d’un fait qui l’a révolté. Le guitariste Bombole wa Lokole, populaire comme Bolene, est contraint de quitter l’hôpital faute de moyens alors qu’il est très souffrant.
Dès lors et jusqu’à la fin de sa vie, Tsaka Kongo s’est donné la mission de plaider la cause des artistes en situation dangereuse. Sous la bannière de son ASBL Artiste en danger, Tsaka Kongo a réussi à impliquer la nation pour venir en aide à de nombreux artistes et pour un enterrement digne de ceux décédés. Notamment Madilu Système, Lokuli, Papa Wemba, Pululu, DGuy Mario, Diddy Kikambala ou encore Defao.
Tsaka Kongo a aussi lutté pour la reconnaissance nationale des artistes ayant fait honneur à la RDC par leurs œuvres. Il a ainsi plaidé en faveur de la rebaptisation de certaines avenues au nom entre autres de Tabu Ley Rochereau, Lutumba Simaro et Pépé Kalle. Ses plaidoyers ont eu la chance d’aboutir.
L’un de ses derniers combats a été la reconnaissance des droits des artistes. Tsaka Kongo a mis en place la structure « Révolution culturelle » pour mener ce combat. Il a en plus impliqué l’Inspection générale des finances (IGF).
L’artiste s’en va et laisse derrière lui d’immenses défis quant à la reconnaissance des droits des artistes, clé pour réussir l’amélioration significative de leurs conditions sociales.
Giscard Havril Mane