Les exploitants agricoles sont parmi les principales victimes de températures chaudes dans une période où ils s’attendent à plus de pluies. Reportage.
Le mercure affiche plus de 31 degrés ce samedi 23 mars au site maraîcher de Tshuenge, dans la commune de Masina. Pas de quoi décourager « Mama Senior », la quarantaine. Elle n’a que son chapeau rouge à la reine Elisabeth et boubou en pagne pour se protéger du soleil et continuer à chasser de mauvaises herbes qui rivalisent avec ses ciboulettes (ndembi, en français).
Les jours ne sont pas heureux pour cette exploitante agricole qui est obligée de revoir à la baisse ses ambitions de récolte face à un climat pas du tout clément en cette période de l’année.
« Cette canicule a tué mon job »
« Contrairement aux années antérieures, nous n’avons jamais vécu cette vague de chaleur. Cette canicule a tué mon job. La majorité de mes semis n’ont pas poussé. Observez que certains légumes devant manquent d’éclat et de santé habituels », se confie-t-elle.
Les agriculteurs kinois s’attendent toujours à plus de pluies pendant les mois de février et de mars. Et c’est ce qui détermine leurs semences. Sauf que cette année, les pluies se faisant rares, la sécheresse s’invite. De quoi revoir à la baisse des ambitions de récolte.
« Toute cette vaste étendue, habituellement irriguée par les eaux de la Tshuenge, a séché. Nous sommes donc obligés d’acheter de l’eau pour arroser nos légumes. Un sceau que l’on achetait à 200 francs avant la canicule est passé à 500 francs », explique « Mama Senior ».
Même détresse pour Jacqueline :
« Voyez ces persils. Ils n’ont pas leur superbe forme. Si vous observez également le champ en face, voyez la couleur des feuilles de ces Gombo (dongo dongo en français). Elles ne sont pas verdâtres. Elles jaunissent à cause de la chaleur ».
Cette vague de chaleur est un enchaînement de malheur pour ces agriculteurs déjà frappés par la crue du fleuve et ses affluents entre fin décembre et fin janvier.
« Nous n’avons jamais connu une telle situation. Déjà, à cause de la dernière crue, ce site était abandonné. Il a été sous l’eau pendant toute cette periode », témoigne Jacqueline.
De son côté, Paul n’espère plus gagner grand-chose de ses aubergines et gombo.
« Ces plante-bandes de dongodongo étaient toutes séchées. Vous pouvez constater que mes légumes laissent à désirer. C’est après les dernières pluies que j’ai repris avec le champ. L’eau étant devenue rare et coûteuse, je n’ai rien fait pendant cette période », a-t-il dit.
Cette situation oblige ces maraîchers, qui ont perdu une bonne partie de leurs semences, à revoir aussi à la hausse leurs prix auprès de revendeurs. Ce qui n’est pas sans incidence sur le panier de la ménagère.
Par exemple, une botte d’oseille (Ngayi ngayi, en français) est passée de 3.000 à 5.000 francs.
Giscard Havril Mane