Ces dernières années, l’église catholique fait face à la spoliation de ses terrains à l’intérieur du pays comme dans la capitale. Officiers de l’armée, responsables politiques, judiciaires et administratifs sont pointés du doigt.
Il a choisi une solennité pour pousser un coup de gueule. Dans son homélie du Réveillon de Noël 2022, une des plus grandes célébrations de l’Église, le Cardinal Fridolin Ambongo n’a pas parlé que de l’enfant Jésus. Mais aussi de la spoliation des espaces de l’église.
« Un groupe de prédateurs veulent s’approprier le patrimoine foncier de l’église », tonnait l’archevêque de Kinshasa qui fait notamment allusion au terrain sur l’avenue Sendwe, dans la commune de Kalamu, où devrait être érigé une basilique.
Connu pour son franc-parler, Ambongo accuse des officiers de l’armée, des hauts magistrats et des autorités politiques « dont le travail est de chercher des terrains à spolier et maintenant leur cible c’est l’église catholique ».
Cinq mois en arrière, le même Cardinal Ambongo, avait débarqué d’urgence à la concession du grand séminaire Jean XXIII, dans la commune de Ngaliema, dont une partie a également été spoliée. Des individus qui avaient déjà démarré des constructions se disaient être envoyés par des personnalités dont le frère de la Première dame, l’ambassadeur John Nyakeru. Ce dernier avait fini par démentir son implication dans cette affaire après une rencontre avec le Cardinal.
La Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), elle aussi, dénonce depuis plus de deux ans la spoliation de plus de 12 des 244 hectares de sa forêt au Lac de Ma Vallée, dans la commune de Mont Ngafula.
L’an dernier, Mgr Donatien Nshole [Photo], porte-parole de la CENCO, avait pointé du doigt des « brigands soutenus par certaines personnes qui se croient influentes » et qui menacent un écosystème protégé par le ministère de l’Environnement.
Ayant acquis des vastes étendues de terre auprès des autorités coloniales ou coutumières depuis des années, l’église catholique voit aujourd’hui son patrimoine foncier être sérieusement menacé.
« L’Église catholique se croyait pleinement maîtresse du patrimoine qu’elle avait acquis. Aujourd’hui, tous ces anciens droits sont à la fois revendiqués et contestés par l’État au nom de la loi et par les particuliers au nom de leurs besoins actuels », avait déjà prévenu Camille Iwewe dans un ouvrage en 2007, appelant l’Église à sortir de son « apartheid ».
La pression démographique est telle que le vaste patrimoine de l’église est très convoité, surtout là où sa mise en valeur traîne. Cela crée presque naturellement des jaloux qui se transforment vite en spoliateurs.
Cette question du patrimoine foncier de l’église sera sûrement au menu des échanges entre le Pape François et les autorités du pays.
Le Souverain pontife, annoncé à Kinshasa à partir de ce 31 janvier, tenterait de solliciter plus de protection et de respect aux biens de l’église.
Socrate Nsimba
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