Dans la capitale, chaque matinée de samedi est consacrée aux travaux d’assainissement. Des commerces sont donc tenus de ne pas ouvrir avant 10 heures. Mais, sur le terrain, cette obligation est relativée selon qu’on veut mettre la propreté ou « acheter » l’indifférence des agents de l’ordre. Reportage.
Nous sommes un samedi du 17 septembre 2022 au marché de la Cité des Anciens combattants à Binza Ozone, dans la commune de Ngaliema. Il est 7 heures mais certains vendeurs ont déjà démarré leurs activités commerciales, alors que cela ne devrait pas être le cas avant 10 heures.
« Maman, il n’y a pas de Salongo aujourd’hui ? », demande-t-on à une vendeuse de légumes.
Et sa réponse :
« Chacun de nous a pris soin d’entretenir son lieu de vente bien avant. J’ouvre à cette heure pour servir les premiers clients ».
Quant à la police ? « Ils s’en foutent. Ils ont déjà eu quelque chose ».
Selon les témoignages de cette vendeuse, outre la somme de 1 000 francs qu’elle verse chaque jour au service de l’assainissement du marché, elle donne également 500 francs aux éléments de la police chaque samedi pour se passer de « Salongo ». Tout est donc dans le « Lisolo », cet arrangement particulier avec le policier.
Le long de la Route Matadi entre les arrêts « DGC et Barré », certains magasins, surtout ceux des expatriés, sont restés fermés pour respecter le « Salongo ».
L’on peut trouver devant ces magasins des agents en train de balayer.
Par contre, des nationaux pour la plupart font mine de fermer leurs boutiques. Mais en réalité, elles sont ouvertes. La vente s’effectue en toute discrétion pour tromper la vigilance des éléments de la police. Mais pas tous, car l’on aperçoit deux policiers en train de percevoir l’argent dit de Salongo, boutique par boutique.
« Les éléments de la police ne passent que pour collecter de l’argent. Le Salongo ne leur interesse pas », témoigne une vendeuse de l’huile de palme le long de la route.
A deux pas de cette dame, une boutique fermée. La propriétaire dit attendre l’heure d’ouverture. Il veut éviter les tracasseries qui, on le sait, finissent par le « Lisolo ».
« Nous ne savons même pas la destination de l’argent que ces policiers collectent illégalement, se plaint-il. Assainir son lieu de commerce est avant tout une question de comportement. Je n’aime pas voir de saleté. Chaque jour avant de commencer de vendre, je prends d’abord soin de rendre l’endroit propre ».
Cette situation est observée dans presque tous les lieux de commerce de Kinshasa. Conséquence : ces endroits sont parmi les plus insalubres, souvent jonchés d’immondices.
Dieumerci Diaka
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