L’humanité célèbre, ce 1er décembre, la Journée mondiale de lutte contre le Sida sous le thème « égalité maintenant ». En marge de cette commémoration, les Nations-unies ont publié un rapport qui alerte sur les « inégalités dangereuses » qui sont à la base du retard constaté dans l’atteinte des objectifs de mettre fin à la pandémie d’ici 2030.
« Main dans la main pour vaincre la stigmatisation et réduire les nouvelles infections à VIH », est le thème national de cette Journée mondiale.
Depuis 2008, le pays dispose de la loi portant protection des droits des personnes vivant avec le VIH/SIDA et des personnes affectées a été promulguée depuis 2018. Quatorze ans après, quel bilan ? INFOS.CD est allé à la rencontre de Me Serge Tamundele, coordonnateur du Centre d’expertise en droits humains et criminologie (CEDHUC), une clinique juridique de défense des droits des groupes vulnérables dont les personnes vivant avec VIH/Sida.
Cette structure, installée dans l’enceinte du Programme national multisectoriel de lutte contre le Sida (PNMLS) reçoit des plaintes et accompagne les personnes vivant avec le VIH/SIDA victimes d’actes de discrimination et de stigmatisation à cause de leur statut sérologique.
« L’épisode de 2008 était un grand engagement du gouvernement congolais, étant parmi les premiers pays à avoir cette base légale spécifique qui protège les personnes vivant avec le VIH», rappelle Me Tamundele.
Malgré cela, le cadre législatif national reste très déficient à ses yeux. Aussi, « la réponse étatique n’est pas efficace pour des personnes discriminées et marginalisées du fait de l’infection au VIH. »
« Est-ce qu’on peut se dire qu’aujourd’hui il n’y a pas de discrimination ? Si, il y a des discriminations liées au VIH. Est-ce qu’il y a vraiment cette couverture des services de prise en charge et de prévention ? Je dis non », s’est-il exprimé.
« Nous avons, par exemple, des ARV pour des enfants qui manquent, des ruptures des préservatifs. Ce sont des problèmes des droits de l’homme qu’on ne devrait pas avoir quatorze ans après la promulgation de la loi », a-t-il rappelé.
Droits humains et genres
En 2015, le monde s’est aligné derrière les objectifs très clairs de « zéro nouvelle infection, zéro décès et zéro discrimination » d’ici 2030. L’édition 2022 rappelle la nécessité de renforcer la disponibilité, la qualité et la conformité des services de traitement, de dépistage et de prévention du VIH.
Pour Serge Tamundele, on ne peut pas prétendre mettre fin à cette pandémie sans vraiment prendre en compte les questions des droits humains et celles du genre.
« Il faut impérativement les prendre en compte et orienter tous les efforts dans le respect des droits de l’homme parce que la lutte est transversale et touche autant de secteurs », a-t-il déclaré.
Par ailleurs, il relève également une persistance d’auto-discrimination et d’auto-stigmatisation qui poserait un problème à cause de la crainte qui fait qu’un PVVIH ne sait pas vraiment aller de l’avant par rapport aux dénonciations. D’où la nécessité, propose-t-il, de disposer des cliniques juridiques spécialisées comme le CEDHUC dans presque tous les coins du pays.
Djo Kabika