Plusieurs cimetières de la ville sont spoliés, alors qu’ils continuent de recevoir de nouveaux corps. A quel moment l’Etat peut décider de lotir une ancienne nécropole ?
Fiston Ilangi est urbaniste. A INFOS.CD, il explique la procédure à suivre pour désaffecter un ancien cimetière en République démocratique du Congo.
Sans appel, il indique que selon les normes urbanistiques en vigueur au pays, un cimetière peut être désaffecté à autre usage après 50 ans à compter du dernier enterrement.
« Lorsque l’urbaniste conçoit un plan de la ville, il partage l’espace urbain en plusieurs zones. Après, il affecte chaque zone qui devient automatiquement une règle en matière d’urbanisme », indique-t-il.
Et d’enchaîner :
« Si l’on on veut désaffecter la zone pour la réaffecter dans autres choses, il faut qu’une autorité compétente, le gouverneur ou le ministre des Affaires foncières, puisse initier la démarche pour occuper un cimetière par exemple. Ils doivent prendre un édit ou arrêté portant désaffectation d’un cimetière X pour sa réaffectation à autre usage. C’est après cette décision qu’on va prendre un arrêté portant lotissement de la zone ».
Mais pourquoi attendre cinquante bonnes années pour un cimetière ? Réponse de Fiston Ilangi :
« Parce qu’on estime que le corps va se décomposer et y aura presque plus rien après cinquante ans. Si vous occupez la zone avant que l’autorité ne puisse la désaffecter, c’est de l’anarchie, une spoliation comme on le voit à Kinshasa. »
Fiston Ilangi souligne que les cimetières font partie des « équipements collectifs » d’une ville.
« Dans le jargon urbanistique, on les appelle les ‘’jardins des morts’’. Ils sont indispensables dans un environnement urbain. De la même manière l’on a l’habitude de prendre soin des personnes lorsqu’elles sont vivantes, de la même on doit également aménager des sites pour ceux qui vont nous précéder dans l’au-delà. »
Hugo Matadi