Qui paie, qui ne paie pas une course dans un taxi-bus à Kinshasa ? La question alimente chaque jour des disputes. Militaires, policiers, personnes vivant avec handicap, agents Croix Rouge… bénéficient d’une exonération, au grand dam des conducteurs et receveurs qui ont fini par les qualifier de « faux têtes ».
Issa est un convoyeur (receveur) d’un taxi bus de marque Toyota Hiace qui fait habituellement la ligne Kingasani – Boulevard du 30 juin.
Visage fermé, serrant comme seuls les receveurs savent le faire, des billets de francs congolais entre ses doigts, il s’interpose à l’entrée du bus. Ne peut y accéder que le passager qui paie sa course.
Tant pis si l’engin ne donne pas 100% de garantie d’arriver à destination. L’essentiel est d’éviter de « faux têtes », étiquettes collées à tous ceux qui ne paient pas la course. Ils sont pour la plupart militaires, policiers, personnes vivant avec handicap, agents de la Croix Rouge à bénéficier de cette exonération.
Issa a d’ailleurs trouvé une justification à son stratagème : les bus publics de la société de Transports du Congo (Transco) font aussi payer les agents à l’entrée.
« Pourquoi s’énervent-ils si nous aussi, nous faisons la même chose ? », se demande-t-il content d’avoir fait le plein de recettes pour sa course.
« Les exonérations ont effets lorsque le bénéficiaire est pendant les heures de service », indique un juriste à INFOS.CD, tout en précisant que généralement cette exonération ne devrait concerner que les bus de l’Etat ».
Les querelles éternelles entre exonérés et receveurs de bus sont alimentées par l’Etat qui, selon lui, laisse entretenir cet imbroglio.
Certains exonérés ont même trouvé la formule pour apaiser tant soit peu les tensions : payer un peu plus de la moitié du prix de la course.
Et, malheur à celui qui ne propose rien, car il doit supporter la colère de l’équipage, souvent déjà stressé par les tracasseries routières.
Djo Kabika
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