L’Observatoire congolais de la dette publique (ODEP) a publié ce mardi une étude sur la gestion des finances publiques sur la période 2019-2022, tout en notant un silence « délibéré » sur le sujet durant la campagne électorale en cours.
En cette période de campagne électorale, l’ODEP rappelle aux candidats président de la République « l’importance de la rationalité de la dépense publique », un sujet à ne pas ignorer lors des débats dans une élection du niveau de la Présidence de la République. Pourtant, depuis le début de la campagne, le sujet n’a été abordé dans le fond que rarement par les prétendants au fauteuil présidentiel.
Dans son étude, l’ODEP a fait remarquer que « l’exécution des budgets de janvier 2019 à décembre 2022 n’a pas été conforme aux lois des finances y afférentes ».
Cette structure de la société civile a noté, durant les quatre années sous étude, « l’absence de justice sociale dans la répartition des richesses nationales, le manque de transparence et l’absence de discipline budgétaire, le manque d’équité dans la gestion des finances publiques ». Ces facteurs ont été favorisés, selon l’ODEP, par le déficit de suivi et de contrôle par le Parlement, l’Inspection générale des finances et la Cour des comptes.
« Il y a l’inadéquation entre la vision et la programmation, la budgétisation, l’exécution, le suivi-évaluation. Elle n’a permis ni de créer des richesses ni de promouvoir une croissance économique pro-pauvre ni d’améliorer les conditions sociales de la population », argumente la structure dirigée par Florimond Muteba.
Pour pallier ces « faiblesses », l’ODEP a formulé une batterie de recommandations ci-après, en commençant par le changement de la vision globale en matière de politique économique. Aussi, l’ODEP propose de mettre l’industrie « au service de la productivité agricole » pour ainsi « abandonner la production de luxe pour le marché local ».
Pour l’ODEP, « seule une révolution dans le secteur agricole pourra financer une industrialisation saine, dégager un surplus vivrier capable d’assurer l’indépendance nationale ».
Aujourd’hui, la RDC exporte en fonction des besoins du centre et se retrouve dans une situation d’économie très extravertie. Une situation favorisée, selon l’ODEP, par « l’instabilité du cadre juridique et institutionnel ainsi que l’absence de visibilité sur les politiques publiques ». Tout cela ne contribue pas, selon l’ODEP, à la sécurisation des investissements et à l’attrait des investisseurs étrangers.
Yvette Ditshima