Selon un rapport publié vendredi par Greenpeace Afrique, Insure our Future, Reclaim Finance et Urgewald, toute entreprise ayant obtenu des droits d’exploration et d’exploitation dans le cadre des enchères pétrolières en RDC pourrait se retrouver sans protection financière.
Dans un communiqué de presse consulté par Infos.cd, Irène Wabiwa, responsable internationale de la campagne du Bassin du Congo de Greenpeace Afrique indique que « les entreprises qui prévoient d’extraire du pétrole en RDC, y compris dans une zone de guerre, sont prêtes à sacrifier la biodiversité mondiale et les objectifs climatiques, et à ignorer les droits des peuples autochtones et des communautés locales, ainsi que les préoccupations relatives à la corruption et à l’illégalité ».
L’ analyse montre que les plus grands assureurs et réassureurs sont réticents à souscrire et à apporter un soutien essentiel à une extraction néocoloniale aussi désastreuse, a déclaré Irène Wabiwa.
Le dit rapport intitulé « Blood oil : (Re)insuring DRC oil exploration is underwriting the destruction of the Congo rainforest (en français Pétrole sanglant: assurer la prospection pétrolière en RDC garantit la destruction de la forêt tropicale du Congo) », analyse les engagements spécifiques des compagnies d’assurance et de réassurance concernant les appels d’offres de pétrole et de gaz lancée l’année dernière par la RDC, ainsi que leurs politiques générales en matière d’ESG.
Selon l’analyse, l’assurance et la réassurance pour les blocs pétroliers proposés seront d’un coût prohibitif pour les entreprises de combustibles fossiles qui remporteront les appels d’offres, compte tenu de la réduction des capacités d’assurance et de réassurance primaires en matière de dommages et de responsabilités.
Le même document met en avant le risque d’absence de consentement libre, informé et préalable (CLIP) des peuples autochtones et des communautés locales dans les blocs pétroliers désignés.
Pour ces organisations, La RDC n’a pas la capacité nationale de fournir une assurance pour la prospection pétrolière et le risque élevé qu’elle implique. Par conséquent, les entreprises qui obtiennent des droits d’exploration s’appuieront très probablement sur les services de certaines des plus grandes compagnies d’assurance et de réassurance du monde, principalement concentrées en Europe et en Amérique du Nord.
Ces compagnies de réassurance ont, selon ce rapport, soit explicitement exclu la prospection et l’extraction pétrolières en RDC de leur couverture, soit indiqué qu’elles étaient soumises à des restrictions générales.
Parmi elles figurent sept des 20 plus grandes compagnies d’assurance non-vie sur les combustibles fossiles au monde, dont quatre des cinq plus grandes compagnies d’assurance sur les biens et les risques divers : Allianz, Axa, Chubb, Generali, Munich Re, Talanx Primary Insurance Group et Zurich.
Selon le rapport, quatre sociétés de réassurance — Munich Re, Hannover Re, Swiss Re et SCOR — dont on estime qu’elles auront collecté ensemble plus de 40 % des primes brutes émises en non-vie dans le monde en 2021 ont retiré leur capacité de réassurance. Cela aura des conséquences sur les coûts de réassurance des entreprises telles que Perenco désireuses de faire une offre pour des droits d’exploration dans les blocs pétroliers très problématiques de la RDC.
En juillet 2022, lors du lancement des appels d’offres pour les 27 blocs pétroliers et 3 blocs gaziers, le gouvernement congolais avait rassuré qu’il veillera au respect de l’environnement. Mais ces projets avaient vivement été critiqués par des environnementalistes qui ont mis en garde contre les conséquences catastrophiques qu’ils pourraient avoir sur la biodiversité et le climat car touchant notamment un complexe forestier riche en tourbières.
Fidèle Kitsa