Les résultats provisoires des législatives nationales, publiés le dimanche dernier par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), font des mécontents aussi bien dans les rangs de l’opposition qu’au sein de l’Union sacrée de la Nation (USN), plateforme qui a porté la candidature de Félix-Antoine Tshisekedi à la présidentielle, remportée haut la main par ce dernier.
Des tensions sont bien perceptibles. Surtout de la part du Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba dont les manifestants ont multiplié des scènes de protestation à travers le pays. Ils contestent le score réalisé par le MLC, qui s’en est tiré avec une vingtaine d’élus.
Au Kasaï Oriental, les bases du parti bembiste ont en plus dénoncé, selon Joseph Kabuya, vice-président fédéral, « la manipulation des voix par la CENI ».
Il a fait part de la « grande surprise » des militants MLC après la publication de ces résultats qui, à l’en croire, ne reflètent pas la dynamique observée pendant la campagne électorale et au jour du vote.
Joseph Kabuya a accusé la CENI d’avoir organisé « la fraude et la manipulation ».
Un son de cloche similaire a retenti dans le Sud-Ubangi, où Félix Ngondo a affirmé que Jean-Pierre Bemba est « victime d’un complot politique de haut niveau visant à réduire son poids politique à tous les niveaux ».
Il n’est pas allé par le dos de la cuillère pour « exiger à la CENI de corriger ses erreurs. Faute de quoi, il se réserve le droit de demander au président de son parti de rompre son engagement avec l’Union sacrée ».
Jean-Pierre Bemba est-il disposé à écouter cette voix du peuple, présentée dans un dicton comme la voix de Dieu ?
Pas sûr, à en croire Raphaël Kibuka, secrétaire général du MLC et réélu député à Kinshasa.
Tout en jouant au sapeur pompier, Kibuka admet, comme ces militants, que « ces résultats nous ont déçus », non sans préciser que ces mouvements de protestation ont été « spontanés ».
« Au niveau du parti, comme nous restons légalistes, la hiérarchie est entrain d’analyser de manière à se prononcer dans les jours à venir. Dans l’entre-temps, nous allons faire valoir nos droits non seulement devant les cours et tribunaux, mais également à la hiérarchie de l’Union sacrée de la nation », a-t-il promis.
En 2018, Félix Tshisekedi, pour avoir « écouté la base » de l’UDPS, avait retiré sa signature d’un accord conclu à Genève entre leaders de l’opposition, dont Jean-Pierre Bemba. Cet accord avait investi Martin Fayulu comme candidat unique de l’opposition. Cette clause n’était pas du goût des militants de l’UDPS/ Tshisekedi qui avaient organisé des manifestations spontanées à son encontre.
Giscard Havril Mane