A deux mois de la campagne électorale pour la présidentielle de 2023, si le chef de l’État peut présenter aux Congolais un bilan économique avec notamment la hausse du budget national, il reconnaît que c’est notamment grâce au travail de fourmi réalisé par l’Inspection générale des finances dirigée par Jules Alingete.
« L’inspection générale des finances est tenue et dirigée par un homme très brillant, Jules Alingete», a déclaré le 19 septembre dernier à New-York le président Félix Tshisekedi au cours d’un dîner de presse qu’il a organisé en marge de l’Assemblée générale des Nations unies.
Ce n’est pas la première fois que le chef de l’État congolais jette ainsi des fleurs à celui qu’il avait, en 2019, confié la clé de l’Inspection générale des finances (IGF), un service rattaché à la présidence qu’il a trouvé en hibernation. L’objectif du successeur de Joseph Kabila était donc de relancer l’IGF pour servir de gendarme dans la lutte contre la corruption et ses corollaires. Un « cancer », selon ses mots, qui n’a fait qu’enfoncer le pays.
Plus de quatre ans après, Felix Tshisekedi est plus que satisfait du travail proposé par Jules Alingete et toute son équipe qui ont, selon plusieurs observateurs, » installés la peur chez les prédateurs ».
Le chef de l’État a notamment rappelé le travail d’évaluation du contrat chinois réalisé récemment par l’IGF et ayant permis au pays de réclamer la réévaluation de ce partenaire dit « win-win » mais qui s’est avéré déséquilibré en défaveur de la RDC, quinze ans après.
Pour l’IGF, ce « contrat du siècle », signé en 2008 entre le gouvernement congolais représenté par la Gecamines et un consortium des entreprises chinoises, a généré plus de 11 milliards de dollars en termes d’exploitation des ressources. Mais la RDC n’a bénéficié que de quelque 800 millions de dollars pour des infrastructures à des coûts en plus surfacturés.
Pour Alingete et l’IGF, la RDC doit normalement gagner 20 milliards de dollars dans ce contrat plutôt que seulement 3 milliards prévus.
«Nous voulons un partenariat qui soit gagnant-gagnant, win-win. Jusqu’ici, nous avons constaté, et je ne suis pas le seul à le dire, j’ai parlé de l’Inspection générale des finances, qui est tenue et dirigée par un homme très brillant, Jules Alingete, pour ne pas le citer, qui a fait le constat que, depuis que nous avons contracté cette entente avec les Chinois, les entreprises chinoises ont gagné près de 10 milliards de dollars et la RDC même pas 1 milliard. C’est vraiment disproportionné comme partenariat et il fallait donc le rééquilibrer », a rappellé Félix Tshisekedi qui indique que lors de son dernier voyage en Chine, cette question a été discuté.
Et d’ajouter :
« Nous avons été heureux de constater que nos partenaires chinois étaient disposés à nous écouter et ont compris que la RDC avait raison de regarder les choses de cette manière. Ils ont fait un constat malheureux que, jusque-là et malheureusement, avant nous, il n’y avait pas ce genre de considération. Donc c’était pas eux de faire le travail de la RDC à la place des Congolais. Voilà pourquoi ils ont été enthousiasmés par la proposition de la RDC de revoir ce partenariat dans le but de faire gagner aussi la République Démocratique du Congo. Et nous sommes repartis dans une nouvelle aventure, cette fois-ci pour ne pas laisser un des partenaires frustré».
Outre ce projet chinois, l’IGF a réalisé plusieurs autres évaluations des projets publics. En juin 2022, elle a révélé au terme d’une enquête à la Gecamines des irrégularités dans les cessions d’actifs miniers à travers les contrats de partenariats, le manque de transparence dans la signature de contrats, le défaut de paiement des impôts dus au Trésor, le bradage du patrimoine immobilier de la Gécamines, etc.
Entre 2012 et 2020, selon l’IGF, les partenaires de la Gécamines ont réalisé un chiffre d’affaires global évalué à USD 35 milliards alors que l’entreprise étatique n’a reçu que 564 millions de dollars comme royalties tirées des partenariats.
Par ailleurs, à travers sa patrouille financière, Alingete et l’IGF arrivent à anticiper des cas de détournements et autres corruptions dans les établissements publics à travers un contrôle financier en amont.
L’année dernière, le travail de Jules Alingete lui a valu un Prix du prestigieux magazine américain Forbes International et des invitations au parlement belge, au parlement européen, au Cameroun et, tout récemment, en Afrique du Sud.
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