La tension monte à Kinshasa alors que le Sénat s’apprête à examiner, ce jeudi, la très controversée demande de levée de l’immunité parlementaire de Joseph Kabila, ancien président de la République et sénateur à vie. Dans ce climat électrique, a réagi le professeur Florimond Muteba, président du Conseil d’administration de l’Observatoire de la Dépense Publique (ODEP).
Dans une déclaration publiée mercredi, le chercheur et acteur de la société civile met en garde contre ce qu’il qualifie de « dérive institutionnelle et politique ». Il dénonce une tentative de manipulation des institutions à des fins partisanes.
« La levée de l’immunité parlementaire du président honoraire Joseph Kabila se prépare déjà à coups de billets verts, comme d’habitude. Elle ne respecte pas la loi qui exige le vote du Congrès. Elle met à mal toutes les idées de cohésion nationale et d’un dialogue national inclusif », déclare-t-il.
Le professeur Muteba interpelle directement le président Félix Tshisekedi, lui demandant de stopper le processus en cours.
« Président Félix, stoppez cela et parlez avec votre prédécesseur », a-t-il dit.
L’affaire a été enclenchée par la justice militaire, à la suite de soupçons pesant sur Joseph Kabila dans le contexte sécuritaire de l’Est du pays, notamment après des allégations sur sa présence dans une zone contrôlée par les rebelles du M23/AFC. Si ces accusations restent encore floues, la justice a officiellement saisi le Sénat pour obtenir l’autorisation de poursuites.
Mais pour Florimond Muteba, cette démarche est juridiquement bancale. Il rappelle que la Constitution exige un vote en Congrès pour statuer sur la levée d’immunité d’un sénateur à vie. Une exigence ignorée dans le processus actuel, selon lui.
Plusieurs acteurs politiques, dont l’opposant Moïse Katumbi, partagent les inquiétudes de Muteba. Ils redoutent une instrumentalisation de la justice à des fins de règlement de comptes politiques. Katumbi a notamment qualifié cette procédure de « démarche dangereuse et irresponsable » qui risque de « fragiliser davantage la cohésion nationale ».
Yvette Ditshima