Le président Félix Tshisekedi a affiché, jeudi au cours d’un briefing avec la presse, son « impatience » de lancer officiellement son second mandat.
Pour le chef de l’État, ce second bail au Palais du Mont-Ngaliema ne va démarrer qu’avec la nomination d’un nouveau Premier ministre, issu de la nouvelle majorité en cours d’identification.
Du côté d’Augustin Kabuya, informateur désigné, les travaux s’accélèrent et l’identité du successeur de Sama Lukonde pourrait être connue début mars, selon les informations recoupées par Infos.cd.
Petite symbolique, ce troisième mois de l’année est dédié à la femme. De quoi nourrir les envies d’un nouveau souffle, avec l’arrivée d’une dame au Château de l’avenue Roi Baudouin.
Interrogée par Infos.cd, Julienne Lusenge, coordonnatrice adjointe du Mécanisme national de suivi de l’Acccord-Cadre d’Addis-Abeba et défenseure des droits des femmes, voit d’un bon œil la nomination d’une femme à la tête du gouvernement. Depuis 1960, de Lumumba à Sama, tous les 34 chefs de gouvernement en RDC ont été des hommes.
« Pourquoi pas (une femme cette fois-ci) ? Il est temps que la RDC puisse avoir une femme première ministre. On a vu ce que les hommes ont fait et on a vu beaucoup d’échecs », argumente-t-elle.
Julienne Lusenge est ainsi convaincue que placer une femme à la tête du gouvernement va pouvoir « changer la donne » mais, nuance-t-elle, pas n’importe laquelle. Celle qui a longtemps dirigée SOFEPADI, une organisation de la Société civile, mise plutôt sur la « compétence » et « l’expertise » de l’oiselle rare à dénicher afin de « bien mener le bateau » du pays en plein « chavirement ». Cette femme, insiste-t-elle, doit être autonome vis-à-vis de son parti et de son « autorité morale » afin de « décider » librement et « orienter l’action du gouvernement » suivant la vision du Président de la République.
« Il faut une femme capable de rassembler toutes les forces autour du chef de l’État », se convainc-t-elle. Avec une femme à la tête du gouvernement, Julienne Lusenge espère voir une « meilleure gestion », orientée vers le « bien communautaire ».
Dans le même registre, la journaliste Bénédicte Kamoni rêve également de voir une femme à la tête du gouvernement.
« La compétence et l’intelligence n’ont pas de sexe. Une femme pourra facilement cibler les problèmes prioritaires de la population. Pourquoi ne pas oser la gestion orientée vers le cœur que pourra proposer une femme ? », s’interroge cette professionnelle des médias.
Dans la faisabilité, Julienne Lusenge croit en l’attachement de Félix Tshisekedi aux valeurs cardinales de la promotion de la gente féminine en la plaçant au cœur du processus de prise des décisions. Lequel attachement a valu au président congolais le titre de « champion de la masculinité positive » de l’Union africaine.
L’ex-coordonatrice de la SOFEPADI craint cependant l’interférence des partis politiques, invitant ces derniers à proposer plus des femmes pour le poste.
« La femme doit jouer un rôle de plus en plus important dans ce pays. J’ai toujours dit, moi, je souhaiterais vraiment que mon successeur à la tête du Congo soit une femme. En tout cas, si j’ai l’occasion de la promouvoir, je ferai cette promotion pour que ce soit une femme », jurait Félix Tshisekedi en juin 2021 au cours d’une rencontre avec les Forces vives de l’Ituri.
Jeudi dernier au briefing, le président Tshisekedi n’a pas écarté l’idée de nommer une femme à la tête du gouvernement. Et ce ne sont pas les candidatures qui manquent.
Parmi les femmes les plus en vue pour ce poste, figurent notamment Acacia Bandubola, co-directrice de campagne de Félix Tshisekedi ou Eve Bazaiba du MLC. La ministre du Plan Judith Suminwa ou encore Nicole Bwatshia, directrice de cabinet adjointe du président, pourrait également tirer leur épingle du jeu.
Yvette Ditshima